2016 : Top 5 d’Olivier

top-5Par Olivier Dénommée

À mes oreilles, 2016 a été une année plus lente musicalement : malgré les nombreuses sorties intéressantes, ça aura pris du temps avant que des albums me paraissent vraiment mériter une place au sein du très sélect top 5 de Critique de salon. Certains artistes ont fait des promesses qu’ils n’ont pas tenues, mais d’autres ont créé de belles découvertes. Voici ce que je retiens comme mes meilleurs albums de 2016.

Miscromanzavada-p-410x4105) ex æquo : Misc – Misc / Résonances boréales – Roman Zavada

Le premier, Misc, était un choix facile : le trio jazz a ne cesse de gagner en maturité et en assurance, et a offert un troisième album (mais un premier sous sa nouvelle identité) particulièrement solide, combinant reprises particulièrement réussies et compos originales. Le groupe a été en nomination à tous les galas sérieux cette année, et c’était amplement mérité. Vraiment une des meilleures sorties jazz – et sorties tout court – en 2016. Le second, Roman Zavada, a été plus discret, mais a certainement fait jaser avec son projet audiovisuel, combinant la musique de son majestueux album au piano solo avec des projections à la SAT l’hiver dernier. Même si je n’ai pas eu l’occasion d’assister à ce spectacle, l’écoute de Résonances boréales me fait toujours autant rêver.

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bellflower-season-spell4) The Season Spell – Bellflower

Découverte tardive, mais mieux vaut tard que jamais, à ce qu’on dit! Rarement de la pop a été aussi bien orchestrée, chanson après chanson. C’est pourtant ce à quoi on a droit en entendant l’envoûtant album The Season Spell, mettant de l’avant pas moins de huit musiciens derrière la voix plus que ravissante de Em Pompa. C’est un peu sombre, mais tellement beau, avec un petit quelque chose à la Woodkid. Allez l’écouter pour vous-mêmes.

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Love_supre_me3) Love suprême – Koriass

Dès l’écoute du EP Petit love, paru en fin 2015, j’ai enfin compris pourquoi il y avait un tel buzz autour de Koriass. Le rappeur montréalais trouve toujours les mots juste assez décapants pour nous bousculer sans nous donner envie d’aller voir ailleurs et offre des beats qui restent en tête sur son petit dernier, Love suprême. Ajoutons à cela le concept de l’album et la participation très exceptionnelle du comédien Gilbert Sicotte, qui amène une perspective toute particulière à ce qui est aisément un des meilleurs albums de rap québécois sorti depuis longtemps.

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krief-automanic2) Automanic – Krief

Le simple fait d’avoir réussi à sortir un album double de plus de 80 minutes sans qu’il y ait de longueurs et de mauvaises chansons est déjà un exploit rare de nos jours, alors que trop d’artistes se contentent de sortir quelques gros hits pour aider à faire digérer le reste. Krief, au contraire, s’est gâté et nous a gâté les oreilles avec du rock bien senti, touchant sans gêne à tous les sous-genres qui lui plaisait. Et ça marche. On n’a pas parfaitement saisi la subtilité entre les portions Red et Blue de son opus, mais rendu là, c’est un détail, tellement Automanic semble contenir des chansons pour toutes les situations.

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Pineapple Thief Wilderness1) Your Wilderness – The Pineapple Thief

Les premiers instants de la chanson In Exile ont suffi à confirmer que Your Wilderness serait un album à surveiller de près. Même après plusieurs mois, ce 11e opus du groupe britannique est toujours aussi délectable à écouter. La synergie, les arrangements, les mélodies… tout est impeccable. Ajoutons que c’est un des seuls gros groupes internationaux qui ont véritablement livré la marchandise en 2016.

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Mentions spéciales

Comme à chaque année, trichons un peu avec des mentions, parce que ce n’est pas vrai que 2016 en musique peut se diminuer à cinq albums. Un éventuel top élargi contiendrait aussi ces cinq titres :

  • Fabulation – SHPIK : Honnêtement, le trio SHPIK risque jouer dans les platebandes de Misc dans un avenir rapproché. C’est du moins ce que laisse présager l’album Fabulation, d’une grande efficacité, qui reprend les mêmes éléments jazz-rock, en intégrant même d’autres instruments pour ajouter à la diversité. Un groupe à surveiller, ça c’est sûr.
  • A Moon Shaped Pool – Radiohead : TOUT LE MONDE semble en amour avec le neuvième album de Radiohead. Quelques bonnes écoutes de fin d’année m’ont permis de comprendre (avec un peu de retard, je l’avoue) pourquoi on l’aime autant. J’hésite encore à savoir si A Moon Shaped Pool aurait mérité une place dans le top 5, mais c’est aisément  une des sorties les plus marquantes de l’année, dans le bon sens.
  • Scavenger – Kroy : Ironiquement, j’ai été sévère dans la critique de ce premier long jeu solo de Camille Poliquin, alias Kroy, peinait selon moi à se démarquer de Milk & Bone. Plusieurs autres écoutes plus tard, c’est finalement un de mes albums préférés entendus depuis longtemps. Il y a quelque chose qui se cache dans sa musique qui finit par rendre accros au moment où on s’y attend le moins. En tant que critique, je maintiens mes bémols initiaux, mais en tant qu’auditeur, je n’ai pas le choix d’admettre le génie mélodique de Kroy et de vous avertir : surveillez-la de près parce qu’elle a tout le talent pour se faire un nom rapidement.
  • System – Motel Raphaël : Mine de rien, le trio féminin Motel Raphaël a visé juste avec son deuxième album. Il conserve son côté indie-pop, mais opte pour des sonorités plus électroniques. L’évolution n’est pas négligeable, et même si System n’atteint pas encore le niveau d’un top 5, il mérite vraiment d’être reconnu comme une des bonnes sorties de la scène pop en 2016.
  • Waltzed in from the Rumbling – Plants and Animals : Lors de la critique initiale, l’impression que l’album a été un «collage» a fait perdre des points. J’avais surtout l’impression que la plupart des titres sombreraient rapidement dans l’oubli. Plusieurs mois plus tard, il s’avère que l’album est finalement un des plus audacieux (et réussis) que 2016 a bien voulu nous donner. Encore une fois, je maintiens mon bémol, parce que l’album aurait pu faire preuve de plus de cohésion (comme ce chef-d’œuvre qu’a offert The Pineapple Thief), mais il faut rendre à César ce qui appartient à César : album inspiré qu’est Waltzed in from the Rumbling.

Découverte de l’année

Dernière mention, promis : cette année, le hasard a voulu que j’entende le jeune groupe Backyard Dreaming en spectacle. J’ai ensuite décidé d’écouter son album Interpretation, ce qui a été une petite révélation, comme un univers parallèle où la chanteuse de Paramore était un homme, ou quelque chose comme ça. Même si mes oreilles ont beaucoup apprécié ce qu’elles ont entendu, je sens que le groupe aura beaucoup d’autres occasions de créer du matériel encore plus assumé et qu’il continuera à s’approprier son propre son. À suivre… peut-être en 2017?

Note : La grande majorité des albums retenus en 2016 sont des artistes locaux. C’est seulement à moitié une coïncidence. Même s’il est vrai que j’ai écouté beaucoup de musique québécoise cette année, je dois dire que la plupart des grosses sorties internationales m’ont déçu à divers degrés, ou ne m’ont simplement pas convaincu qu’elles méritaient sa place dans ce palmarès. Ça arrive!

Souhaitons-nous une année 2017 riche en musique et pauvre en décès de grands musiciens… on a déjà atteint notre quota jusqu’à la fin de la décennie!

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