Sorti le 8 mai 2016
Le groupe britannique Radiohead est habitué de surprendre, autant ses fans que la critique, à presque chacune de ses sorties. Il a frappé particulièrement fort avec son neuvième album, A Moon Shaped Pool, pour une musique plus ambiante et plus orchestrale que jamais.
L’écoute de l’album démarre sur les cordes tendues qu’offre Burn the Witch, d’ailleurs le premier single de l’album. Cela ne prend pas très longtemps avant que la voix pleine de réverbération de Thom Yorke se fasse entendre, ajoutant à l’ambiance un peu lugubre, sur fond rock. Daydreaming, immédiatement après, change complètement de registre : on passe aux ambiantes enlevantes, dirigées seulement par des arpèges de piano. Celle chanson est la plus longue de l’opus, du haut de ses 6 minutes 24, mais ne contient pourtant aucune longueur (sauf peut-être les sons des dernières secondes), tout en restant dans l’extrême lenteur.
Après ces deux extrêmes, avec quoi Radiohead peut-il encore nous surprendre? Il réussit encore à nous accrocher avec le rock orchestral (et chargé en lamentations) de Decks Dark. La première piste moins convaincante est probablement Desert Island Disk, qui offre une formule similaire au reste des chansons, mais sans leurs arrangements convaincants. La première moitié de Ful Stop laisse présager qu’on l’oubliera rapidement aussi, jusqu’à les arrangements changent drastiquement en seconde portion. On comprend alors tout le build-up que représentaient les trois premières minutes.
Une fois de plus, après un morceau intense, on revient à la douceur et à la lenteur avec Glass Eyes. Plus brève, mais plus mélodique que Daydreaming, elle se prendra tout aussi bien. Identikit prendra un certain temps à vraiment décoller, mais l’arrivée des chœurs en seconde moitié change la donne. Après une The Numbers plus ou moins accrocheuse, Present Tense offre ses mélodies qui nous hantent dans le bon sens, aidées par les arrangements rock chargés sans être encombrants. Une petite bouffée d’air frais à l’approche de la fin de l’album.
Puis vient Tinker Tailor Soldier Sailor Rich Man Poor Man Beggar Man Thief… Une autre qui prend du temps à offrir des arrangements intéressants, mais au titre qui donnera envie de passer à autre chose avant d’y arriver. On appréciera davantage la finale True Love Awaits, de retour avec une chanson douce au piano, histoire de conclure sur une bonne note.
Cet album est sans contredit une des sorties majeures de 2016, il n’y avait doute à y avoir là. Après, la question était de savoir si cet album aux sonorités plus ambiantes, voire classiques, que rock méritait vraiment toute l’attention accordée par les médias. La réponse est oui, et même si plusieurs écoutes de A Moon Shaped Pool peuvent être nécessaires pour tout assimiler ce que Radiohead espère nous transmettre, c’est bien à un petit bijou qu’on a affaire qui risque de très bien vieillir. C’est le temps nous le confirmera.
À écouter : Glass Eyes, Present Tense, True Love Awaits
8,6/10
Par Olivier Dénommée