Sort le 20 janvier 2017
Ceux qui ont suivi la série n’auront pas besoin d’explication : Popdejam, diffusée en 2015 sur Musique Plus, réalisait l’exploit de faire connaître des artistes de la scène émergente qui reprenaient des classiques de notre chanson. Juste avant les rediffusions à V Télé, une compilation des meilleures prestations paraît. Ce coup de marketing permet quand même de mettre de l’avant huit interprétations originales, dont certaines qui mériteraient de rester dans les annales.
La première à se faire entendre est Stéphanie Lapointe, reprenant Animal de France D’Amour. Déjà, on a des réserves quant à l’idée de la considérer comme une artiste émergente, et en plus la version minimaliste ne rend pas tout à fait justice à l’originale, même si la version donne un ton très différent à l’œuvre. Philippe B tente une approche similaire avec Sur la route de Pierre Flynn : sa version, très douce et proche du country, tranche énormément avec le gros rock de Flynn… pourtant, on y prend goût très rapidement.
Il y a une espèce de mode ces dernières années : tout le monde reprend Ce soir l’amour est dans tes yeux de Martine St-Clair. Cette fois, c’est Geoffroy qui s’y attaque, proposant une relecture plus électro-pop, quoiqu’un peu statique. Les Chinois de Mitsou avait bien besoin d’être remise au goût du jour : merci à Claude Bégin pour cette reprise où on a délaissé les 1001 clichés de la version originale.
S’ensuivent des versions bien senties de Corridor (Laurence Jalbert) par Antoine Corriveau et de l’intemporelle Si fragile (Luc De Larochellière) par Karim Ouellet. Ce dernier est resté très sobre, malgré son talent pour la pop plus chargée. On aurait certainement voulu qu’il ose un peu plus dans sa reprise. Fait surprenant : il est excessivement rare de dire que le coloré Philippe Brach a réussi à faire une version moins flyée que l’originale. C’est pourtant ce qu’il fait avec Le chat du café des artistes de Jean-Pierre Ferland. Déjà, avec le nom, on s’attendait à quelque chose de particulier, et même si sa version est plutôt lugubre, elle demeure moins étrange que celle de Ferland. Dans ce cas-ci, ce n’est pas une mauvaise chose.
C’est Peter Henry Phillips qui a le mot de la fin, avec sa reprise de Repartir à zéro de Joe Bocan : ils offre une relecture folk planante, à des années lumières de la version de 1988. Personne n’a été surpris lorsque cette chanson a été retenue comme single promotionnel, tellement elle représente bien l’esprit de Popdejam : une façon de redécouvrir d’une toute autre façon une vieille chanson, et un artiste moins connu au passage.
Au fil de l’écoute des huit pistes, on réalise deux tendances : la première, c’est la domination masculine dans les interprétations… alors que les version originales étaient 5 fois sur 8 par des femmes. La seconde, c’est que tous les artistes, sans exception, ont livré des versions plus douces que les originales. Personne n’a pris de ballade pour la transformer en gros rock, mais a plutôt fait le contraire à plusieurs reprises. Évidemment, huit pistes, c’est bien peu pour représenter une émission complète, mais plus de variété dans la façon d’arranger les chansons aurait été gagnant. À moins qu’on veuille vraiment vendre l’album comme une compilation de chansons douces de la scène pop québécoise… Sinon, outre ces remarques, il faut reconnaître que c’est mission accomplie, et que les nostalgiques de l’émission devraient trouver leur bonheur ici.
À écouter : Sur la route, Corridor, Repartir à zéro
7,4/10
Par Olivier Dénommée