Sorti le 1er décembre 2016
Basé à Québec, le trio De la Reine évolue dans un style trip-hop audacieux aux couleurs parfois soul. Sous l’étiquette de Pantoum, le groupe a terminé en mars dernier une tournée de plusieurs spectacles à travers la province (en plateau double avec Harfang), nous faisant découvrir les chansons de son premier album éponyme.
Le temps qui passe ouvre l’opus toute en délicatesse dans un crescendo instrumental où se superpose après quelques secondes la voix d’Odile Marmet-Rochefort : solide et feutrée à souhait. Tout de suite, on prendrait plus d’effets sonores dans la voix qui semble trop nette en comparaison avec l’instrumentation. Au niveau de la composition en soi, c’est très réussi et ça groove juste assez. Cette énergie est perpétuée dans Chasse, où les paroles sont davantage mises en valeur. D’ailleurs, la voix semble un peu forte au mixage; serait-ce un choix pour permettre une meilleure compréhension du texte?
On poursuit avec Le printemps arrivera, un incontournable dans ce court album de huit chansons. On y a ici ajouté des effets vocaux très intéressants qu’il serait pertinent d’appliquer à d’autres morceaux. La mélodie accrocheuse se marie à merveille à l’accompagnement musical dans lequel Jean-Étienne Collin Marcoux et Vincent Lamontagne se laissent complètement aller. La pièce suivante, Venin du jour, est d’ailleurs toute aussi excellente et garde cette ambiance électro-pop très assumée qui fait la marque commerce de De la Reine. On continue avec mon seul bémol de l’opus : L’impérative. Il est dommage d’avoir placé ce genre de pièce dans un projet qui était jusque-là tellement bien ficelé. On y colle une mélodie plutôt ordinaire chantée à un ton différent de celui des instruments, donnant un caractère atonal à un morceau pour lui donner du piquant, mais qui a pour seul effet de nous faire grincer des dents.
Le ton change le temps d’une chanson pour Le poids, qui est plus lancinante et empreinte d’un soul que l’on avait pas encore entendu. Tout le contraire de La danse, qui reprend un rythme (justement) dansant qui ne laissera personne indifférent, alliant le tout à des sonorités éclectiques qui ont chacun leur place dans le mixage final. On clôt avec S’élever, charmante pièce qui laisse découvrir une plus grande sensibilité dans la ligne vocale, en contradiction avec une instrumentation rythmique stricte et impeccable.
On a rapidement fait le tour de ce disque de 38 minutes si bien investies. De la Reine fait vraiment un tour de force : on n’a pas besoin de se casser la tête pour apprécier sa musique, qui est cependant loin d’être faible au niveau de la composition. Une autre formation de chez nous qu’il nous fera plaisir de suivre dans les prochaines années.
Vous pouvez entendre l’album sur Bandcamp.
À écouter : Le printemps arrivera, Le poids, La danse
7,9/10
Par Audrey-Anne Asselin