Sorti le 17 mai 2017
Active depuis 1996 sur la scène musicale québécoise, Isabelle Boulay se passe de présentation. Surtout présente dans les dernières années en tant que coach à la populaire émission La Voix, la chanteuse gaspésienne n’avait pas sorti d’album de chansons originales depuis belle lurette. Elle s’aventure dans de nouveaux horizons tout en s’attachant à ses racines avec En vérité.
Isabelle Boulay frappe fort en début d’album avec Mon amour (La supplique), qui amène de nouvelles couleurs à la musique déjà connue de la chanteuse. Les courtes interventions instrumentales ont de quoi rappeler le fameux thème de James Bond. On entend clairement des inspirations davantage anglophones dans cette musique plutôt accessible. Malgré un texte discutable, la valse country Tout sera pardonné a quelque chose de très mélodieux qui la rend difficilement détestable. Juste après, Isabelle se permet une unique chanson en anglais. Won’t Catch Me Cryin’ reste assez générique, même si la voix immense de la chanteuse reste un trésor national, et ce, peu importe ce qu’elle interprète. On sera d’ailleurs particulièrement touchés par son interprétation d’Un garçon triste, une chanson que l’on pourrait qualifier de classique instantané, digne des grandes chansons françaises.
On fait un saut pour se poser à Un souvenir, où on peut véritablement retomber dans la veine habituelle d’Isabelle Boulay (les fans de son album États d’amour seront comblés). Toi moi nous est elle aussi accrocheuse dès la première écoute et amène une belle touche de légèreté après une séquence plus sérieuse. Les accompagnements musicaux sont sensiblement les mêmes tout au long de l’album : percussions, guitare, basse, piano et quelques lignes de cordes viennent enjoliver le tout bien humblement. On continue dans une atmosphère allégée dans Voir la mer, une douce bossa nova qui se laisse juste assez jazzer. Ce style colle bien à la peau d’Isabelle Boulay, mais ne sera pas exploité davantage, malheureusement. Elle explore plutôt des sonorités hispaniques juste après dans Les mains d’or. Même si les paroles sont bien ficelées, on perd inexplicablement l’intérêt envers ce morceau qui devient rapidement lassant.
On sent que l’interprète s’amuse à plusieurs reprises dans cet album de 14 chansons, notamment lors de chansons plus pétillantes comme La route avec lui, Nashville et Le train d’après. On se surprend d’ailleurs à aimer le côté folk de cette dernière; toujours surprenante cette Isabelle Boulay. L’album contient aussi ses quelques ratés, par exemple Una storia d’amore. Même en faisant fi de la prononciation italienne passable de la chanteuse, on sent à plusieurs reprises des petits accrocs musicaux qui dérangent, notamment entre les couplets et refrains. Il s’agit impérativement d’un intrus dans l’opus, tout comme la dernière piste de celui-ci, Guerre civile qui est, premièrement, un très mauvais choix de dernière chanson et qui, deuxièmement, semble quelque peu maladroit au niveau du texte. On comprend l’intention principale, mais ça semble faux et clôt le tout de façon malaisante. Il aurait été largement préférable de clore le disque avec En vérité, chanson-titre entendue deux pistes plus tôt et qui est tout simplement sublime. Certainement l’une de celle dont on se souviendra le plus.
En 51 minutes, on fait un tour d’horizon plutôt flou de ce qu’Isabelle Boulay a à offrir. On peut compter bon nombre de chansons agréables et moins agréables. Très peu de pièces sont mémorables et c’est ce qui laisse un goût amer après l’écoute de cet album. On dirait que la chanteuse a eu envie de se redécouvrir et d’essayer beaucoup de genres différents, ce qui au final donne un résultat éparpillé et difficile à suivre. On aurait carrément pu créer deux albums (un joyeux et un plus sérieux) avec ces 14 titres et ça aurait conquis nos cœurs plus efficacement, c’est certain.
À écouter : Un souvenir, Le garçon triste, En vérité
7,1/10
Par Audrey-Anne Asselin