Sorti le 27 octobre 2014
Popstar parmi les plus en vue depuis les dernières années, Taylor Swift a fait un virage partant au country-pop à une pop pleinement assumée : 1989, son cinquième album, est donc le premier de ce virage complété. Une panoplie de chansons ont envahi les radios depuis sa sortie en 2014, renforçant la notoriété de l’artiste.
Les extraits
Et quand on parle d’une «panoplie», on parle de la moitié de l’album : au total, 7 singles sont tirés de 1989 (dont un de la version deluxe). Première cartes de visite d’un opus, jetons une oreille à ces fameux extraits qui ont dominé les radios entre l’été 2014 et l’hiver 2016. Shake It Off est la première du lot, offrant un morceau rythmé mais finalement très pauvre autant harmoniquement que mélodiquement. Ironiquement, la chanson a été un énorme succès. Blank Space est plus travaillée, offrant une mélodie et une instrumentation plus recherchées. Le thème semble coller à la peau de Swift, réputée depuis longtemps pour être une croqueuse d’hommes et cette chanson n’a rien fait pour changer cette impression. Mais elle est drôlement efficace, alors tant que les jeunes filles ne s’en inspirent pas trop, pourquoi pas? Plus tard, on a entendu Style : plus mid-tempo, mais offrant une sacrée belle ambiance et de belles constructions. Mais on se souviendra davantage de Bad Blood, même s’il manque clairement quelque chose dans la recherche, se contentant d’offrir une rythmique simple et des «hey» bien placés pour appuyer les mélodies. Wildest Dreams, la suivante, est beaucoup plus mélodieuse, surtout au refrain, ce qui est un peu le contraire de Out of the Woods, très répétitive. Le tout dernier extrait, New Romantics, ne se trouve même pas sur la version régulière de l’album, mais elle est drôlement énergique et efficace, alors elle mérite pleinement sa place ici. Bref, on a un heureux mélange de très belles compositions, et de lourds clichés pop, mais qui fonctionnent malheureusement toujours très bien… C’est un peu la dynamique réelle de l’album qui contient les deux énergies.
Maintenant, le reste de l’album (ça ne sera pas trop long, il n’en reste pas beaucoup) : l’ouverture de 1989 est la chanson Welcome to New York, marquant officiellement son départ de Nashville (associé au country) pour la «grande ville» moderne. Du moins, c’est ce qu’on en comprend. Par contre, la chanson est loin d’être accrocheuse, commençant assez lentement avec une mélodie plus qu’ordinaire. Sa symbolique est donc la seule raison qui explique d’avoir mise cette chanson là, ou de l’avoir mise carrément dans l’album. S’ensuivent les singles Blank Space, Style et Out of the Woods.
Ensuite, c’est la générique All You Had to Do Was Stay (abusant des des «hey» et des sons aigus places stratégiquement. À oublier. Puis, peu après, on découvre I Wish You Would. Cette piste-ci a un petit quelque chose de terriblement efficace. Peut-être la mélodie très rythmée, mais beaucoup moins clichée que Shake It Off.
Sautons quelques pistes pour en arriver à How You Get the Girl, un hybride entre un thème générique et un rythme très entraînant, surtout au refrain. Cela laisse des sentiments mitigés. Par contre, This Love, une chanson lente et langoureuse assumée, qui reste particulièrement en tête. Pourquoi elle n’a pas fait partie des extrait? Seule explication plausible : on ne voulait pas promouvoir les ballades dans les radios, se concentrant sur les morceaux plus énergiques. I Know Places, plutôt mid-tempo, a aussi quelques belles qualités mélodiques, mais se démarque moins puisque plusieurs chansons sont dans un registre similaire. Cela nous mène à la finale, Clean, une chanson non loin de l’esprit de This Love, et est franchement aussi efficace à l’oreille. On réalise que l’on a entendu beaucoup de morceaux pop entraînants, mais peu de chansons où Swift nous invite à laisser aller nos émotions. C’est vraiment en toute fin que ça se passe. Plus de variété n’aurait certainement pas fait de mal…
Que retenir de cet album, disons, inégal? Il y a autant de chansons très bonnes que des mauvaises décisions qui fonctionnent parce qu’on y accole le nom de Taylor Swift. On peut dire que le virage pop est bien fait, et qu’on ne sent pas qu’elle n’est pas à sa place. Mais, de grâce, il faut sortir des clichés qui minent près de la moitié de cet album. Il est tout à fait possible de passer à la radio sans ça.
Version deluxe
Il existe quelques version améliorées de l’album avec des pistes supplémentaires. Observons une des plus complètes, avec six pistes de plus. Wonderland relance le tout avec des percussions drôlement entraînantes. Mélodiquement, ce n’est pas la meilleure, mais il y a quelque chose de trop puissant pour qu’on lui en tienne rigueur. Puis, on s’adoucit avec You Are in Love. Étrangement, bien que les autres chansons lentes de l’album sont excellentes, celle-ci laissera bien indifférent (d’ailleurs, cette chanson ne se retrouve pas dans toutes les versions deluxe, avec raison). La plus intéressante est New Romantics, qui est d’ailleurs devenue un single. Vraiment un petit bijou de pop. Les trois dernières sont des «Voice Memo» de I Know Places, de I Wish You Would et de Blank Space, ce qui veut dire qu’on entend la chanteuse parler de comment elle trouvait géniales ses idées de chansons avant de les enregistrer. À moins de vous intéresser à la profondeur de sa démarche, vous allez vite passer à autre chose. Mais quoi qu’il en soit, la seule vraie raison de vous procurer la version deluxe et New Romantics, et rien d’autre.
À écouter : Blank Space, I Wish You Would, Clean // Deluxe : New Romantics
7,6/10
Par Olivier Dénommée