Brun – Bernard Adamus

Sorti le 3 novembre 2009

Quelque part en 2009, une étrange chanson prenait d’assaut les radios : Brun (la couleur de l’amour) était le tout premier succès de Bernard Adamus et lui a donné une certaine notoriété très rapidement, surtout sur la scène underground. Son premier album Brun a donc été très suivi par les amateurs de ce son rappelant Plume Latraverse.

La signature de Bernard Adamus, c’est ce folk brut, enregistré de façon approximative pour ajouter à l’authenticité de l’exercice. C’est ce qu’on réalise vite en écoutant Cauchemar de course, qui prend un drôle de sens aujourd’hui : la chanson nommait Oussama Ben Laden et Nelson Mendela, qui étaient encore tous deux vivants à l’époque, de façon peu élogieuse. Disons que la finesse ne fait pas trop partie du vocabulaire du coloré personnage.

Parlant de coloré, Brun (la couleur de l’amour) suit juste ensuite, avec cette énergie irrévérencieuse qui est la sienne. C’est sale, mais ça marche drôlement. Puis La question à 100 piasses (et plus tard Avec les doigts de ma main (alcoologie)) nous fait réaliser avec sa voix cassante qu’Adamus a certainement fait partie des inspirations directes du groupe Les Chiens de Ruelles, œuvrant aussi dans le folk trash. Par contre, la lente et déprimante La brise n’entre pas dans le registre des pistes mémorables.

La bluesy Les raisons restera en tête pour son hook subtil, et même chose pour le puissant Le fou de l’île et le sympathique Acapulco, dans un registre plus lent. Le cimetière offre aussi de bons éléments, mais est peut-être un peu trop chargée pour être pleinement appréciable. Mais que dire de La foule, reprise de la chanson popularisée par Édith Piaf? Entendons-nous : les paroles de la chanson sont loin d’être le vocabulaire régulier d’Adamus, mais il s’approprie très bien cette chanson immortelle. Surtout, la chanson est très, très bien défendue dans cette version pour le moins particulière. Puis la fin, Y fait chaud, ressemble presque à une version acoustique de Brun (la couleur de l’amour), et ne permet pas de finir sur un momentum… La foule aurait offert un résultat plus satisfaisant.

Mention à deux version d’une même chanson : Le bol… et … de toilette présentent une mélodie similaire, et surtout une même énergie festive, mais loin d’être juste. La version … de toilette est la plus travaillée des deux, même si dans tous les cas, on manque un peu de nuances. L’idée n’était pas mauvaise, mais n’a pas nécessairement trop levé.

Ce premier album de Bernard Adamus est peut-être aussi son plus marquant en carrière, jetant les bases du mouvement du folk sale qui a été popularisée quelques années après avec des groupes comme Canailles, Les Chiens de Ruelles ou Québec Redneck Bluegrass Project, ou encore des chanteurs comme Émile Bilodeau. Ainsi, si l’album est parfois un peu inégal – même s’il s’écoute assez bien au complet, sans gros intrus flagrant – il n’en est pas moins incontournable.

L’album est entre autres disponible sur Bandcamp.

À écouter : Brun (la couleur de l’amour), Acapulco, La foule

7,9/10

Par Olivier Dénommée

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