Sorti le 7 juillet 2017
Le duo Whitehorse avait déjà entamé un certain virage avec son précédent album, Leave No Bridge Unburned, quittant le folk autobiographique pour un son plus rock rétro, qui lui avait d’ailleurs assez bien réussi. Avec Panther in the Dollhouse, le couple s’est entouré de producteurs issus du hip-hop et du RnB, donnant une couleur bien particulière à l’opus.
Déjà, rassurons-nous : on n’a pas droit à un album de rap ici, mais le beat occupe certainement davantage d’espace, et plusieurs pistes s’apparenteront à du RnB. La première chanson, Epitaph in Tongues, semble nous l’indiquer, même si ce qu’on remarque en premier, c’est la traditionnelle chimie vocale entre Luke Doucet et Melissa McClelland. L’instrumentation plutôt simple (sauf dans la seconde moitié, où l’intensité grimpe d’un cran) se remarque ensuite.
La première chanson est tellement bien ficelée que l’on n’est qu’encore plus déçus lorsqu’on entend Boys Like You, avec un refrain qui reste en tête, mais pour les mauvaises. Cette chanson se voulait plus urbaine, mais elle était simplement de trop. Die Alone, juste après, vient nous faire oublier ce mauvais moment avec une chanson lente, presque religieuse dans son ton. On comprend qu’on nous sert la formule de la montagne russe en revenant à une chanson plus près du RnB : Trophy Wife. Au moins, cette fois on a droit à un résultat plus intéressant.
Pink Kimono revient à un son proche du dernier album, puis Kicking Down Your Door nous lance un beat RnB drôlement efficace, jumelé à une mélodie très bien défendue par le duo. La seule chose qu’on pourrait leur reprocher, c’est qu’on sent assez vite qu’on a fait le tour et qu’on étire légèrement la sauce, même si elles durent à peine trois minutes chacune. Même la douce Gracie donne cette impression.
La situation semble se corriger avec I Can’t Take You With Me (Charlene’s Theme) et Nighthawks, juste assez rythmées, juste assez chargées. Cette dernière semble en fait avoir un côté qui rappelle Dido (particulièrement son album Girl Who Got Away). On tente de nouveau l’exploit avec la finale Manitoba Death Star, avec un succès mitigé malgré un refrain accrocheur. Il aurait été plus efficace de terminer avec une des deux autres chansons.
Panther in the Dollhouse est plutôt bref, seulement 35 minutes pour 10 pistes. Mais on n’avait pas vraiment besoin de plus : Whitehorse se cherche un son, et semble tâtonner dans différentes directions. Cette fois, c’est plutôt vers le RnB qu’il a penché. Il faut admettre que ça a somme toute bien fonctionné à quelques exceptions près, mais le principal défaut de l’album est qu’on a semblé trouver un filon intéressant pour les chansons, mais qu’on n’est pas parvenu à le développer suffisamment, ce qui crée quelques longueurs. Rien de tragique, on s’entend, mais ces auteurs-compositeurs-interprètes d’expérience ont testé des choses avec lesquelles ils ne sont visiblement pas encore pleinement à l’aise. Il reste une question : Whitehorse va-t-il encore changer de direction dans un futur album, ou va-t-il préciser celle-ci, qui a le potentiel de lui ouvrir un auditoire plus radiophonique?
À écouter : Epitaph in Tongues, I Can’t Take You With Me (Charlene’s Theme), Nighthawks
7,6/10
Par Olivier Dénommée