Sorti le 3 novembre 2000
Il est établi depuis longtemps que Jason Beck, plus connu sous son pseudonyme Chilly Gonzales, est un drôle de pistolet, ayant baigné dans une formation jazz et classique, mais fortement attiré la pop et le gros hip-hop. Son album The Entertainist fait pleinement le plongeon dans ce dernier registre.
Le titre viendrait de la compression de deux termes qui représentent Gonzales : «entertainer» et «pianist». Par contre, on n’entendra guère la portion pianistique dans cet album, étant donné qu’il a opté pour des gros beats souvent très lo-fi, qui servent à accentuer le côté humoristique des paroles et de l’attitude du personnage. Ça s’entend dès Candy, la pièce en ouverture, où le rappeur se fait vite décapant, mélangeant expériences personnages à diverses insultes et à l’usage de pas mal de mots qui auraient être «bipés» dans n’importe quelle sortie mainstream. Le concept est assumé, mais si vous n’appréciez pas cette première piste, vous allez passez un mauvais moment pour la suite.
The Worst MC Part 2 est une suite d’une piste tirée de son Über Alles, lancé plus tôt la même année. Une suite loin d’être nécessaire où Chilly Gonzales accélère le rythme, juste avant qu’on ralentisse drastiquement avec No Beats. On préfère Futuristic Ain’t Shit to Me, plus recherchée musicalement tout en restant aussi mordante. L’entraînante This One Jam a aussi du potentiel, mais les cris en arrière-plan sont franchement de trop. Passons Cum on You, une des blagues qui manquent cruellement de subtilité dans cet album, même en le voyant comme un opus humoristique. Même Meditation, qui laisse pourtant des sentiments mitigés, passera beaucoup mieux.
Après un étrange Freedom Freestyle (on s’y attendait avec un tel titre), on passe à Higher Than You, pas mal plus réussi, mélangeant un refrain plus près du RnB et où on Gonzales se gâte encore sur son histoire. On peut respecter l’homme pour être lui-même sa propre inspiration. Bon, parfois c’est moins réussi, comme dans The Name They Gave Me, trop intense pour rien, mais cela fait (on le rappelle encore) partie du personnage. Parlant d’intensité, mentionnons les peu subtils So What Da Fuck? puis Figga Please.
Nous voilà déjà au dernier droit, avec Prankster Fly, plutôt accrocheur malgré le mixage un peu trop élevé des percussions électroniques, et Ain’t No Stoppin’ the Poppin’ où Gonzales répète «Last song won’t last long». Merci pour l’avertissement! À part ça, elle ne reste pas particulièrement en tête. Une finale un peu flat pour l’extravagant Chilly Gonzales.
Si on compare le reste de la discographie de Chilly Gonzales avec The Entertainist, ce dernier est très faible, offrant peu de morceaux accrocheurs à travers ses 40 minutes. En l’écoutant comme un album de rap, on a l’impression que cela n’en intéressera pas beaucoup, comme on a l’impression qu’on se moque du genre. Reste l’avenue de l’album humoristique, où Gonzales réussit quand même son pari, mais qui, assurément, n’avait que peu de chances de passer à l’histoire.
À écouter : Futuristic Ain’t Shit to Me, Higher Than You, Prankster Fly
5,9/10
Par Olivier Dénommée