Sorti le 6 novembre 2015
Sam Shepherd est un neuroscientifique anglais le jour, et le producteur Floating Points la nuit. Il se consacre à son art depuis 2008, mais a attendu longtemps avant de proposer son premier véritable long jeu. Il s’est finalement lancé en 2015, avec Elaenia, un enregistrement très substantiel de musique électronique mêlé à des influences plus jazz.
L’intro de Nespole a quelque chose de futuriste, et prend un peu de temps à créer le build-up voulu. Les sons initiaux laissent plutôt indifférents, mais lorsqu’on ajoute les synthés autour de 2 minutes, les choses deviennent sérieuses. Le tout prend un ton très planant, tout en gardant le petit stress initial. Ceci étant dit, cette piste n’est essentiellement qu’une intro de 5 minutes à ce qui nous attend pour la suite.
On passe vraiment aux choses sérieuses avec Silhouettes (I, II, III). Déjà, il y a une groove plus présente, incluant la batterie, la basse, et des mélodies au synthé. On n’est pas excessivement loin de l’esprit du jazz-rock. L’ajout des cordes est un énorme bonus en plein milieu de la pièce qui dure plus de 10 minutes sans qu’on sente la moindre longueur. Un incontournable! Dommage que la suivante, la pièce-titre Elaenia, ne lève pas autant, se contentant d’un moment doux, presque minimaliste, qui durera un peu trop longtemps.
Argente nous ramène aux sonorités de Nespole, mais devient vite plus chargée et intéressante. Elle aurait pu parfaitement se fondre dans Thin Air, mais on opte plutôt pour une coupure assez sèche, accentuant le changement d’énergie. Après la piste au mixage élevé, on passe au morceau très discret pendant trop longtemps.
Le côté jazz et downtempo revient doucement dans For Marmish. Ce n’est pas sans rappeler Bonobo, qui a le don de créer de très belles ambiances avec une instrumentation bien calculée. Cela se poursuit dans la finale Peroration Six, avec des tensions rappelant carrément E.S.T. par moments. On pouvait difficilement demander mieux pour clore ce premier album!
En sept pistes, Floating Points exploite deux énergies bien distinctes. À nos oreilles, cette plus rythmée et jazzée est celle qui a le plus de potentiel, surtout s’il souhaite gagner en notoriété. Quoi qu’il en soit, l’artiste était déjà sur la bonne voie en 2015 et a lancé un opus assez solide pour nous faire douter que c’était véritablement son premier, malgré ces bémols. De l’excellent travail d’un artiste prometteur.
À écouter : Silhouettes (I, II, III), For Marmish, Peroration Six
7,7/10
Par Olivier Dénommée