Sorti le 15 novembre 2011
Le 19 octobre 2011, le groupe britannique Coldplay lançait son cinquième album Mylo Xyloto, un opus qui a connu un grand succès commercial avec des chansons comme extrêmement accrocheuses Paradise et Charlie Brown. Il faut croire que le Vitamin String Quartet (VSQ) était visionnaire, parce qu’il a lancé, moins d’un mois plus tard, un album reprenant quasi-intégralement cet album, joué exclusivement aux cordes.
Le «quasi», c’est parce qu’on a coupé les morceaux de moins d’une minute, incluant l’intro qui fait office de pièce-titre, Mylo Xyloto. Drôle de décision d’ainsi couper trois pistes, alors que le VSQ a déjà repris des pistes de remplissage beaucoup moins mélodiques que celles de Coldplay. Peut-être, vu les délais qu’on devine serrés, que les arrangeurs n’ont pas eu le temps d’imaginer une approche intéressante pour ces interludes?
Plongeons tout de suite dans Hurts Like Heaven. Le retrait de l’intro rend le tout plus «sec», et les cordes n’arrivent pas à recréer la légèreté de cette chanson. L’album Mylo Xyloto en particulier est très chargé dans son instrumentation, tout en réussissant l’exploit de rester léger musicalement. Mais on dirait que la relecture cherche trop à recréer chaque son entendu, au détriment de la musicalité. Bref, cette première piste ne convainc pas.
Paradise, vue par plusieurs comme la chanson-phase de l’album original, alors les attentes sont élevées ici : avec l’ajout de belles nuances, la version VSQ arrive effectivement à recréer l’énergie que les fans apprécient. Charlie Brown aussi arrive aussi à assez bien conserver son côté upbeat. Puis le VSQ réussit plutôt bien à donner une intensité supplémentaire au morceau doux Us Against the World. Si cette chanson était loin d’être parmi les plus mémorables de l’album, cette nouvelle version offre un lyrisme qui ne laisse pas indifférent.
Vous souvenez-vous des puissantes lignes de claviers au début de Every Teardrop Is a Waterfall? Il aurait été difficile pour un quatuor à cordes de recréer cette vibe, et effectivement, la relecture manque de mordant. Elle nous laisse sur notre faim tout le monde. Quant à Major Minus, déjà plus ou moins intéressante à l’origine, elle ne lève pas beaucoup plus avec des cordes, même si certains brefs segments rappellent l’hommage que le quatuor a déjà fait à Tool. S’ensuit U.F.O., une autre piste à oublier. Même Princess of China, qui avait retenu l’attention avec une collaboration avec Rihanna, n’arrive pas à se démarquer. On réalise surtout que les mélodies étaient bien ordinaires et que si on n’avait pas fait appel à une étoile montante du RnB, la chanson serait restée dans l’ombre.
Le refrain de Up in Flames était criard dans la version chantée par Chris Martin, mais il faut dire que mettre un violon à la place de sa voix est beaucoup plus agréable. Par contre, ce n’est pas plus mémorable que cela… Don’t Let It Break Your Heart réussit à ne pas tomber dans le pièce de la pièce originale, qui était extrêmement chargée. VSQ réussit en quelque sorte à la ramener à l’essentiel. Même la finale Up with the Birds prend un ton très solennel, très différent de la version Coldplay.
On sort de cet album-hommage de 41 minutes avec une drôle d’impression. D’un côté, on a d’excellentes chansons pop-rock qui ont perdu de leur intensité avec cet arrangement, et de l’autre, il y a des chansons qui prennent un tout autre sens avec cette relecture. Puis il y a les morceaux faibles qui le restent – on ne fait pas de miracles, surtout en si peu de temps. La faiblesse principale de l’opus a été de surcharger la plupart des arrangements, chose qui semble avoir été fait un peu à la va-vite malgré la précision de l’équipe entourant le VSQ. Dans l’ensemble, on peut dire que l’album peut plaire à ceux qui ont aimé Mylo Xyloto, mais, clairement, cet hommage ne détrônera pas l’original, malgré quelques bons coups.
À écouter : Paradise, Us Against the World, Don’t Let It Break Your Heart
7,3/10
Par Olivier Dénommée