Sorti le 18 juin 2014
La sombre membre du désormais renommé duo Milk & Bone se lançait en 2014 dans une aventure en solo. Portant comme pseudonyme Kroy, Camille Poliquin enregistre un mini-album électro-pop de quatre chansons, dont deux titres (Monstrosity et River) se retrouveront parmi les pistes de son premier album, Scavenger, quant à lui paru à l’automne 2016.
L’intro musicale de Monstrosity nous invite d’emblée dans un climat contrastant. Le son du mini-clavier est cristallin, toute en délicatesse. Même si la voix de Kroy est elle aussi assez claire, il n’en reste pas moins que la mélodie (très accrocheuse) a quelque chose de plus sombre, de linéaire. L’auteure-compositrice-interprète est intuitive quant à la direction qu’elle donne à ses mélodies en général et celle de Monstrosity ne fait pas exception. Se permettant à peine quelques écarts de notes par-ci par-là, elle conserve une sobriété appréciée et nécessaire.
Feet suit juste après avec son ambiance électro soulevée d’un cran, peut-être même un peu trop. Même si la pièce en elle-même est bien construite et offre de bons passages instrumentaux, on a l’impression que l’arrangement musical est un peu trop lourd, qu’il y a trop de choses en même temps. On perd facilement l’essence de la chanson qui, malheureusement, s’écoute beaucoup moins bien que la suivante, River.
Des stries stridentes (ben oui) caractérisent le début du morceau, juste avant que Poliquin enchaîne d’une voix soutenue et sûre d’elle, donnant ainsi une touche personnelle remarquable à la chanson. Même si les «ah» du refrains peuvent rapidement taper sur les nerfs, on garde quand même en tête un morceau original teinté d’une obscurité musicale en opposition avec un texte fort et beaucoup moins dramatique que ce que l’accompagnement pourrait nous laisser croire.
On se laisse finalement sur la chanson-titre de ce court EP, Birthday. Planante à souhait, on a d’abord peur (à tort) de longueurs, de temps morts. Pourtant, Kroy réussi un coup de maître en offrant plutôt quelque chose de texturé, d’authentique et à la limite expérimental. Les longues envolée vocales vers la fin de la pièce sont majestueuses, tout comme la voix céleste de Camille Poliquin. Il est honnêtement curieux que cette piste ne se soit pas rendue jusqu’au long jeu, peut-être est-ce seulement dû au fait que le style exploité cadrait moins bien avec le consensus général de Scavenger?
Déjà dans ce (très) bref EP, Kroy laissait au public le loisir de découvrir ses inspirations. Ses quatre courtes œuvres musicales vieillissent très bien avec les années et se montrent à la hauteur de ce qu’elle a pu nous offrir deux ans plus tard avec son tout premier long jeu. Dommage qu’il ne contienne que quatre pistes, on en aurait pris davantage!
Le EP est entre autres disponible sur Bandcamp.
À écouter : Monstrosity, Birthday
7,6
Par Audrey-Anne Asselin