Sorti le 27 novembre 2015
Native de la région du Bas-Saint-Laurent, la Cabanoise Ingrid St-Pierre s’est fait principalement entendre grâce à sa extrêmement touchante chanson Ficelles, écrite pour sa grand-mère atteinte de la maladie d’Alzheimer. Depuis ses débuts en 2011, la jeune auteure-compositrice-interprète a pu compter plusieurs nominations au Gala de l’ADISQ et la parution de trois albums, plus particulièrement Tokyo, que nous aurons l’occasion d’approfondir aujourd’hui.
Tokyo Jellybean est le curieux titre qui lance cet album plutôt doux, ce qui n’a rien de surprenant dans le cas d’Ingrid St-Pierre. Curieux, mais seulement à cause de son nom puisque la mélodie enveloppante de la chanson est quant à elle assez plaisante à écouter si on prend le temps de s’arrêter pour réellement l’apprécier. La ballerine se fait discrète juste après, mais on y remarque tout de même la présence de la harpe, qui habille l’instrumentation avec une grande délicatesse.
La pop piano de St-Pierre se poursuit avec un rythme plus relevé dans 65 rue Leman, une valse tourbillonnante qui atteint son apogée dans un refrain très joliment ficelé. La chanteuse a un talent particulier pour la douceur et le calme, peu importe ce qu’elle propose, et c’est exactement ce que démontre Place Royale, qui, avec la batterie en plus, demeure tout de même assez contenue. Sans y avoir de punch spécifique, la pièce est nettement plus prononcée que ses comparses et réussit un tour de force en gardant malgré tout la même cohésion avec le reste du disque.
On aime particulièrement La dentellière, qui met en avant une Ingrid plus solide et assumée. L’idée générale de la chanson fait presque penser à un tango, mais qui reste très soft. La mélodie au refrain est nettement la plus sucrée du lot et la chanteuse se permet plus de liberté et plus de puissance vocale.
Passons ensuite un peu plus loin à la deuxième valse du long jeu, Les aeronefs. Raconteuse à ses heures, l’interprète se prête au jeu dans cette jolie mélodie qui n’est pas sans rappeler le style musical de Pierre Lapointe (surtout dans ses deux premiers albums), sans toutefois s’apparenter d’aucune façon à ses textes plutôt singuliers. Notons qu’Ingrid St-Pierre maîtrise superbement le piano, qu’elle pratique depuis de nombreuses années.
Monoplace nous emmène complètement ailleurs juste après, et ce n’est pas pour déplaire, puisque même si on apprécie les musiques de l’auteure-compositrice-interprète, elles peuvent devenir lassantes à la longue, étant assez linéaires. Dommage que les percussions (à 1min50) ne prennent pas davantage de place dans l’instrumentation, qui aurait eu encore plus d’impact si on y avait inclus un crescendo à la finale. On assiste plutôt à leur retour très quelconque vers la fin, dans la même intensité qu’entendu plus tôt (Sans compter qu’on revient toujours vers le même pattern entre-temps : le fameux piano-voix).
Comme pour nous contredire, la prochaine et dernière piste de l’opus, L’éloge des dernières fois débute dans de brefs accords de harpe qui accompagneront la voix aérienne d’Ingrid St-Pierre bien sobrement, nous changeant de l’éternel piano qui l’a fidèlement suivie tout au long du chemin.
Comme vous pourrez le constater, jamais n’est mentionné le terme «coup de cœur» dans les paragraphes ci-haut. C’est que Tokyo s’écoute bien en fond sonore, si on est affairé à autre chose, sans toutefois attirer complètement notre attention et, surtout, sans qu’une chanson en particulier ne nous saute aux oreilles. Si vous avez envie de paix et de sérénité, vous trouverez certainement une dose de bonheur dans cet album qui reste, somme toute, assez agréable.
À écouter : 65 rue Leman, La dentellière, L’éloge des dernières fois
7,3/10
Par Audrey-Anne Asselin