Sorti le 29 août 2017
La trompettiste Rachel Therrien s’impose lentement mais sûrement comme une artiste incontournable de la scène jazz montréalaise. Elle n’a pas chômé depuis son album Home Inspiration, où elle osait déjà beaucoup, revenant en force 3 ans plus tard avec Why Don’t You Try, un titre qui laisse croire qu’elle «essaie» beaucoup de directions différentes, en formation quintette.
Rachel Therrien est très bien entourée ici, avec Benjamin Deschamps au sax, Charles Trudel au piano, Simon Pagé à la basse et Alain Bourgeois à la batterie. Il est surtout très intéressant de noter que même si la trompettiste compose la plupart de ses pièces, ses musiciens signent 5 des 11 titres de WDYT. Le teamwork est bel et bien au rendez-vous.
L’écoute débute avec Spectrum, un morceau assez vertigineux qui impose le rythme immédiatement et qui, peut-on imaginer, entrerait particulièrement au poste s’il était joué par un big band. S’ensuit la pièce-titre Why Don’t You Try, moins rapide, mais tout aussi efficace. Par contre, jusqu’à présent, pas de grosse surprise en vue. Cela change avec Demi-nuit, un peu plus tendue et surtout plus mystérieuse. Si certains passages semblent plus arides, la piste dans son ensemble est un très bon coup sur l’album.
Adirondack Jump est beaucoup plus léger, mais n’offre pas particulièrement de mordant. On appréciera davantage Hayde Santamaria, offrant de belles variations qui font que les presque 6 minutes de la piste passent très vite. Quant à la lente CRS, elle manque de quelque chose, elle qui peine à vraiment lever avant la dernière minute. Pourtant, la compo n’est pas mauvaise, mais elle semble être une intruse dans la vibe de cet album. I Am Alone, plus loin, aurait pu avoir un peu plus d’intensité. Musicalement, on s’attend à un peu plus d’un quintette!
Mention spéciale à Omelette Coleman, référence comique au jazzman Ornette Coleman, qui ne se lance heureusement pas dans un free jazz étourdissant malgré quelques passages plus corsés. La piste est signée Simon Pagé, qui a aussi composé l’étrange Tomber en cinq, où on peut entendre des bruits de bébé en seconde moitié, avant l’explosion d’intensité de la fin.
Rocket Launch offre un début lent, mais qui mène rapidement à quelque chose de plus entraînant, sans être vertigineux. Excellent dosage ici, qui aurait très bien pu clore l’album. Dommage, on termine plutôt avec Miroé, un morceau lent qui prend un peu trop de temps à véritablement se développer.
WDYT offre beaucoup de belles choses, et même si l’opus semble un peu inégal par moments, on sent malgré tout une certaine cohésion dans l’ensemble. La complicité des musiciens entourant Rachel Therrien est évidente, et tout le monde a eu l’occasion de briller à travers l’opus. Comme dans tout bon album de jazz, on propose quelques solos, mais pas trop intenses pour nous convaincre d’aller écouter le groupe en spectacle. Quelque chose nous dit que l’opus risque de très bien s’écouter en live.
À écouter : Why Don’t You Try, Hayde Santamaria, Rocket Launch
7,7/10
Par Olivier Dénommée