The Powers that B – Death Grips

Sorti le 30 mars 2015

Consistant de trois membres, MC Ride, Andy Morin et Zach Hill, Death Grips à pris la scène du hip-hop par surprise lors de sa première mixtape Exmilitary, parue en 2011. Death Grips mélange l’agressivité du hardcore punk, la bruyance du noise et l’expérimentation de l’électronique, particulièrement l’aspect brostep et dubstep, remaniés d’une manière dissemblable par rapport aux artistes liés à ce genre en général, procurant un rafraîchissement inattendu de la part d’un groupe de hip-hop. La musique conçue par Death Grips n’est pas pour toutes les oreilles : plusieurs écoutes sont primordiales afin de saisir aisément l’excentricité de ce mastodonte du rap.

Je vous présente maintenant son cinquième album The Powers that B, un album double.

Niggas on the Moon

Death Grips a sorti la première partie, Niggas on the Moon, en juin 2014 sous forme digitale, gratuitement via son site officiel. Comprenant de nombreuses contributions vocales par Björk, cette introduction à l’album double est un voyage psychédélique mélangeant électronique et hip-hop d’une manière incroyablement originale, unique en son genre. Cette partie exhibe un sentiment intense d’hypnose, notamment à cause de l’instrumentation. Étant colossalement répétitive, elle induit l’auditeur à l’intérieur d’une transe particulièrement oppressive. Parmi les seules choses faisant contraste avec ceci sont les vocals de MC Ride, qui sont à l’opposition de ces inquiétantes et comminatoires instrumentations. Écouter Niggas on the Moon mine de rien ne conférera pas beaucoup mais, en revanche, se concentrer sur ces sons particuliers préservera la capacité d’attention de l’auditeur à la pointe de l’avivage. Ces titres n’ont pas de progressions précises ou d’aboutissement quelconque. À l’opposé, elles donnent l’impression de lâchement errer dans un océan de démence. Ce coté de l’album fane beaucoup plus rapidement en comparaison à la prochaine partie, ce qui est, à mon avis, un atout complémentaire.

Malgré toutes ces qualités, ce passage a tendance à être un peu redondant au bout du compte : il semble perdre un peu de poigne, déposséder de quelque peu d’emprise et de dépasser son temps limite. Le disque étant tout de même excellent, l’acerbité vécue jusqu’à maintenant n’agit seulement qu’en tant que préliminaire ou introduction pour ce qui sera entendu lors de la deuxième partie de l’album.

Jenny Death

La deuxième partie, Jenny Death, est littéralement la seconde personnalité de Niggas on the Moon, paru en mars 2015, juste avant la sortie officielle de l’album complet. Pour la promotion de l’album, le groupe a publié une vidéo pour le single On GP comprenant les membres du groupe filmés dans une chambre d’écho située au studio 1 du Sunset Sound Recorders à Los Angeles, en Californie. Ceux-ci sont présentés dans la chambre quasiment vide à l’exception d’un haut-parleur et restent immobiles à l’exception de quelque mouvements de temps à autre. Cette expérimentation est à l’image de la tyrannie présente sur cette suite de l’album. Une atmosphère où le contrôle n’est pas permis, l’amertume précédemment exhibée est sans aucun doute en affichage complet ici. Jusqu’à maintenant, aucune direction précise n’avait été imposée; ce qui était autrefois confus et engourdi est présentement chaotique et décousu, mais assurément orienté vers quelque chose, qui ne cesse de grandir à une vitesse incroyable. L’album devient de plus en plus bruyant au fur et à mesure de la progression. Comme mentionné plus tôt, les sons utilisés le sont d’une manière que nous ne sommes pas habitués d’entendre, ce qui est des plus captivant. L’électronique expérimentale laisse place à des riffs destructeurs et à des styles de batteries cataclysmiques : Jenny Death est ressenti à la lettre comme une apocalypse, un ouragan irrégulier qui desserrera uniquement son emprise de l’auditeur à la toute fin.

The Powers that B, manifestement, est le point central de ce groupe : Death Grips à son meilleur.

À écouter : Disque 1 : Up My Sleeves, Say Hey Kid // Disque 2 : Inanimate Sensation, On GP

8/10

Par Raphaël Debigaré

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