Sorti le 24 février 2017
Le multi-instrumentiste Stephen Bruner, plus connu sous le pseudonyme Thundercat, ne manque pas d’humour. C’est du moins ce qu’on doit conclure après avoir écouté son troisième album, Drunk, paru en début 2017. Il y propose une musique entre funk et RnB avec une approche qui ne se prend pas au sérieux. Rafraîchissant!
On nous lance dans le bain dès la pièce introductive, Rabbot Ho, qui s’enchaîne avec Captain Stupido. Les titres vendent un peu la mèche, mais la musique ludique à souhait et les thèmes très légers ne déçoivent pas. En moins de 2 minutes, on est fixés pour le reste de l’album.
Uh Uh y va ensuite d’un jazz fusion instrumental convaincu, suivi d’une petite toune d’ascenseur (version Thundercat, on s’entend), Bus in These Streets. Juste après, A Fan’s Mail (Tron Song Suite II) débute avec un petit beat RnB plus qu’accrocheur, accompagné de quelques «meows» sympathiques, suivi d’un Lava Lamp sexy et d’un Jethro tout aussi convaincant (quoique trop bref à notre goût!). Vraiment, force est d’admettre que Thundercat a le don pour créer des ambiances accrocheuses à souhait.
Une brève interlude, Day & Night, sert de démarcation entre la première portion de l’opus et la suite, qui fera appel à quelques collaborateurs. Show You the Way, avec Michael McDonald et Kenny Loggins, est la première du lot, présentant un RnB langoureux à souhait, quoique légèrement prévisible. La chanson est suivie de Walk on By, avec la voix familière de Kendrick Lamar. Bien que tout ce que touche Lamar devienne de l’or ces jours-ci, on sent que sa présence n’est pas tout à fait justifiée, à part pour faire un retour d’ascenseur après que Thundercat ait participé à une de ses chansons.
Les pistes suivantes – Blackkk et Tokyo – ne convainquent pas particulièrement non plus, mais on passe vite à autre chose avec la comique Jameel’s Space Ride. Passons Friend Zone qui manque, il nous semble, un peu de mordant, et on arrive à la sympathique Them Changes, avec de belles variations. Where I’m Going offre aussi une belle vibe très réussie.
Drink Dat offre un début réussi, jusqu’à ce qu’on entend Wiz Khalifa. Admettons tout de même que le flow du rappeur est beaucoup mieux intégré que celui de Lamar entendu plus tôt. S’ensuit une Inferno moins accrocheuse, suivie de I Am Crazy/3AM beaucoup mieux construites, quoique trop courtes… Les deux pistes ensemble ne font même pas 2 minutes. Le reste de l’album passe très vite : Drunk (1min42) et la très ordinaire The Turn Down (pourtant avec la participation de Pharrell Williams) mènent à DUI, la 23e et dernière piste de l’opus, qui fait un retour à la première piste en reprenant des sonorités similaires. Il faut dire que les dernières minutes de l’album nous laissent vaguement sur notre faim, surtout après autant d’excellentes chansons au début et au milieu de l’exercice de 51 minutes.
Quand on a affaire à un album long comme celui-ci, on ne peut s’empêcher d’être assez sévère à son égard : est-ce que des chansons auraient pu/dû être retranchées? Bien que certaines pistes ne sont pas aussi fortes que les autres, à peu près tout semble contribuer à l’ambiance générale que cherchait à créer Thundercat avec cet album léger et ludique à souhait sans qu’on tombe dans un opus seulement doté d’une valeur humoristique. Reste qu’une meilleure répartition des bonnes chansons aurait pu améliorer l’expérience de Drunk qui paraît plus inégal qu’il ne l’est véritablement. C’est notre principal bémol.
À écouter : A Fan’s Mail (Tron Song Suit II), Jethro, Drink Dat
7,9/10
Par Olivier Dénommée