A Crow Looked at Me – Mount Eerie

Sorti le 24 mars 2017

Le 9 juillet 2016, l’artiste québécoise Geneviève Castrée est décédée d’un cancer du pancréas. Son mari, le musicien Phil Elverum, connu pour son projet Mount Eerie, a écrit et enregistré 11 pistes dans la pièce où elle a rendu l’âme, avec ses instruments de musique. Sans surprise, A Crow Looked at Me qui a émané de ces sessions d’enregistrement est un album ayant pour thème la mort de son amoureuse.

L’album a connu une acclamation sans précédent de la part de la critique. Il est vrai qu’une œuvre profonde et aussi intime que celle-ci peut difficilement être critiquée négativement. Qui sommes-nous pour critiquer celui qui a mis ses tripes sur la table quelques mois à peine après le départ de sa douce? Pourtant, nous voilà, en train d’écouter attentivement ce que Mount Eerie accepte d’ouvrir sur son intimité. Voici ce qu’on en retient :

Real Death démarre l’album, ce qui laisse très peu de place à l’interprétation. Elverum n’y chante par particulièrement, préférant raconter ce qu’il a à dire. On devine qu’il s’agit en quelque sorte d’une lettre qu’il adresse à son épouse, accompagnée d’une musique sombre. Puis, il termine le tout par «I love you». Si la première piste est trop pour vous, arrêtez tout de suite, parce que ça ne s’arrangera pas pour la suite. Seaweed reprend une forme similaire. «You have been dead 11 days», rappelle le musicien dans les premières lignes de la piste. On comprend qu’il s’est mis à écrire très rapidement après le départ de son amoureuse. Plusieurs mentions au temps sont faites à travers l’album. Ses textes contiennent une poésie intime, à un point tel qu’on se sent terriblement voyeurs d’entendre ces messages qui semblent personnellement adressés à sa défunte épouse. Nul besoin d’élaborer les 11 pistes, puisqu’elles se ressemblent toutes dans l’esprit.

C’est à la fois très lourd à absorber, mais aussi très beau d’entendre quelque chose d’aussi senti. Dans une ère où les paroles n’ont souvent que bien peu de substance, cet album met 100 % de son énergie dans ceux-ci, faisant un semblant de mélodie (d’ailleurs, ne cherchez pas les refrains!) et plaquant quelques accords sans élaborer davantage les arrangements. Et pourtant, même s’il manque beaucoup d’ingrédients essentiels à une bonne chanson, ça fonctionne, et on se laisse emporter dans l’univers désespéré de Phil Elverum.

Bref, cet album mérite pleinement l’engouement qu’il a connu : la force de ses paroles est si grande qu’elle compense pour tout le reste. Cela reste un album qui est tout sauf commercial. Peut-être même que l’on oubliera avec le temps la signification profonde de cet enregistrement. Mais aujourd’hui, il faut admettre que Mount Eerie a offert, et de loin, un des albums les plus puissants lyriquement de 2017.

À écouter : Sérieusement, l’album au complet

8,5/10

Par Olivier Dénommée

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