Sorti le 21 juillet 2016
Le groupe Couteau Papillon a tenté un exercice ambitieux à l’automne 2015 : lancer une nouvelle chanson par mois, appuyée par la plateforme de financement Patreon. Le résultat a été assez concluant pour voir naître l’album Noirs corridors, issu de ces explorations musicales mensuelles.
Agréable surprise pour celui qui ne connaît pas le groupe montréalais : Couteau Papillon, malgré un nom et un visuel particuliers, ne verse pas dans la musique indigeste ni trop cérébrale. Le groupe aime explorer différentes facettes du indie rock, mais sans oublier d’incorporer plusieurs belles mélodies et des harmonies bien dosées.
Après une Intro qui ne se trouve même pas sur toutes les versions de l’album, L’après-monde nous laisse déjà entrevoir l’univers du groupe, rythmé mais aussi extrêmement chantant. Le mélange des voix masculines et féminines est définitivement un atout qui sera bien exploité à travers l’opus. Cette première piste de 4 minutes contient aussi de belles portions instrumentales montrant que le groupe est aussi à l’aise avec ou sans paroles. Cette entrée en matière donne vite envie d’entendre la suite.
Beachhead, juste après, offre une certain dose de mystère, mais ne contient pas tout à fait les ingrédients nécessaires pour être mémorable, malgré une fin plus puissante. La construction de Berner l’assassin fonctionne bien mieux, avec son rock sympathique qui reste dans l’oreille sans devenir désagréable à la longue. Paper Crane offre aussi de belles choses, même avec une ballade plus prévisible. La dansante Belle de jour n’est pas désagréable non plus malgré des passages plus expérimentaux; après tout, on est là pour essayer des choses, n’est-ce pas? Pour une chanson avec moins de rebondissements, il faut aller du côté de Little Star (après Black River, qui explore aussi quelque peu). Toutefois, on préférera la suivante, la chanson-titre Noirs corridors, bien dosée et juste un peu rétro dans les harmonies vocales. Mention également à Sword of Heart, à la formule similaire, mais en anglais.
Après une série de chansons fortes, on baisse la cadence avec Lost at Sea, puis Springtime, et même un peu Young Moon qui est trop longue avec minutes. Le groupe est clairement meilleur pour les chansons entraînantes que les lentes. Reste une chanson pour conclure l’album : il s’agit de Don’t Be Late, qui prend des airs de country. Pas désagréable, mais l’album aurait gagné à se terminer avec un des morceaux rock puissants qu’on a entendu en première portion.
Alors que l’album Noirs corridors commençait avec force, on ne peut pas en dire autant de sa fin. Le registre est différent, c’est certain, mais les forces auraient mérité d’être plus équilibrées pour améliorer l’expérience. Sinon, on peut confirmer qu’il y a un très beau filon à exploiter dans la veine du rock indé avec des harmonies recherchées, créneau dans lequel le groupe semble déjà avoir du potentiel. À suivre!
Il vous est possible d’écouter l’album sur Bandcamp.
À écouter : L’après-monde, Berner l’assassin, Sword of Heart
7,2/10
Par Olivier Dénommée