Sorti le 9 février 2018
Les lecteurs assidus connaissent mon biais favorable envers les petits ensembles jazz qui arrivent à mêler leur formation jazz à des influences plus rock, pop, électro et hip hop. Le trio GoGo Penguin est un autre dans cette lignée qui réussit drôlement bien ce métissage, et tout particulièrement dans son quatrième opus, A Humdrum Star.
On parle ici d’un album d’une cinquantaine de minutes, où un crescendo souvent subtil mais ô combien redoutable est à l’honneur. Prayer, première piste lente et ambiante, sert à lancer ce build-up qui mênera à Raven trois minutes plus tard. Le début semble la suite logique de l’intro, avant que le groupe ne commence à se faire entendre après 30 secondes pour vraiment prendre la place après 25 autres secondes. La formule est efficace et éprouvée : un piano mélodique tout en étant très puissant rythmiquement, une basse aux lignes groovy à souhait, une batterie hyperactive et quelques éléments électroniques pour ajouter à l’intensité. Si vous n’avez pas encore tapé du pied à ce point-ci, il est possible que l’album ne soit pas pour vous, car Raven est assez représentative de l’énergie qui se dégage de cet album.
S’ensuit Bardo, qui exploite davantage les claviers électroniques au début avant que les autres instruments se mettent de la partie. Cette fois, il faut attendre plus longtemps pour atteindre le sommet du build-up, mais il y a toujours un petit hook qui nous donne envie d’en écouter davantage. A Hundred Moons exploite ensuite le côté mystérieux du trio. Les deux pistes ne sont pas les meilleures de l’opus, mais elles contribuent à leur façon à la montée qui mène à Strid, morceau plus tendu qui gagne grandement en qualité dans la seconde moitié.
Petit bémol : le début de Transcient State aurait pu être condensé, mais le reste de la pièce vaut le détour, avec son intensité grandissante à chaque minute, menant à Return to Text, énergique mais plus égale, sauf dans les deux dernières minutes. Reactor s’inscrit également dans la même veine, devenant particulièrement chargé dans les deux dernières minutes également. La finale est laissée à Window, un morceau plus feutré, qui lui laisse justement l’espace pour croître. C’est réussi, et ça a l’avantage de ne pas attendre la fin de la piste pour vraiment exploser.
L’album, dans son ensemble, est puissant et enlevant. C’est si on écoute individuellement certaines portions de pièces que l’on entend des longueurs ou des éléments superflus. Pourtant, dans le big picture, tout contribue à créer la force de l’opus. On a bien quelques coups de cœur, mais A Humdrum Star est une expérience à savourer au complet, c’est officiel.
Version deluxe
Deux pistes s’ajoutent pour la version deluxe de l’album. So It Begins revient à un son plus feutré, qui gagne en intensité dans la dernière minute seulement, alors que A Hundred Moons – Alternative Version, réussit à aller encore plus à l’essentiel que la version régulière, et en accélérant un peu le tempo. Elle aurait probablement mérité de se retrouver sur l’album normal à la place de l’autre. Mais dans l’ensemble, on comprend le choix d’exclure deux pistes douces, qui auraient lourdement ralenti le beat de l’opus. Bref, la version deluxe s’adresse probablement à ceux qui aiment le côté ambiant de GoGo Penguin et qui n’ont pas été rassasiés avec la version normale, parfois intense.
À écouter : Raven, Return to Text, Window // Deluxe : A Hundred Moons – Alternative Version
7,9/10
Par Olivier Dénommée
La magie de Transient State, une des compositions que je trouve les plus réussies, tient justement à mon sens à son intro !