Sorti le 16 mars 2018
Membre du groupe ska-rock sherbrookois Les Conards à l’Orange depuis belle lurette, Frank Custeau avait aussi envie de se lancer en solo. Le premier opus qu’il lance en solo, Départs d’août, propose une virage essentiellement folk qui laisse place aux textes tantôt comiques tantôt engagés du chanteur.
On commence d’ailleurs avec le côté givré du compositeur : Robert Motivé parle de cette personne toujours trop heureuse d’exister qu’à peu près tout le monde connaît. Le tout sur un enrobage folk-country énergique, mais légèrement générique. On tente un peu plus de subtilité à la piste suivante, la déprimante Le goéland. Musicalement c’est aussi plus riche avec quelques variations à l’énergie, mais il manque encore un petit élément pour nous marquer véritablement. C’est dans Le cimetière qu’on trouve l’ingrédient qui manquait : une mélodie sentie. La voix de Custeau peut être très chantante en allant à l’essentiel. C’est aussi un des morceaux forts de l’album, où on le sent très critique envers lui-même.
À l’opposé, Le punk rock est un hommage comique rendu à sa carrière sur la scène punk, avec ses hauts et ses bas. Malgré le thème, la musique reste dans un registre folk rock, et un clin d’œil y sera fait dans les paroles. «Faque le punk s’transforme en country / La guit vire acoustique», chante Custeau. Puis Hier est une chanson parlant de la dernière beuverie du musicien, qui ne s’est pas bien passée si on se fie aux paroles… même si jamais il n’est précisé ce qui a bien pu se passer pour dire qu’il avait trop honte pour en parler à sa mère! Il aurait manqué un couplet à cette chanson pour compléter l’histoire et ne pas laisser l’impression que les paroles ne veulent rien dire.
Dans le registre des chansons tristes, poursuivons avec Pathétique puis Forte et courageuse. Dans le second cas, on comprend plus clairement qu’on parle d’un sujet sensible comme une agression, tout en étant abordé de bonne façon.
Le ton change drastiquement avec Custeau sacrait, une chanson racontant l’histoire de Jean Custeau, son père. L’idée est bonne, mais l’accumulation de jurons n’était, nous semble-t-il, pas obligatoire à sa pertinence. Plus berçante, Le vieil homme et le fleuve n’est pas sans rappeler Le cimetière, plus haut. Mort conclut l’album avec un folk à la Pépé. Chapeau à l’évidence de l’album : «Ça doit faire chier être mort / Parce qu’on peut pus rien faire, on est morts».
On sent que Custeau en solo cherche encore à préciser son registre. Son humour évident sur plusieurs titres dilue les chansons plus sérieuses qui mériteraient justement d’être prises au sérieux, ce qui est assez dommage. Forte et courageuse ne méritait pas d’être suivie par Custeau sacrait, par exemple! On retiendra tout de même quelques excellentes chansons qui sortent individuellement du lot, signe que l’exercice de Départs d’août a quand même visé dans le mille à quelques reprises.
Vous pouvez entendre l’album sur la page Bandcamp de Frank Custeau.
À écouter : Le cimetière, Le punk rock, Forte et courageuse
7,3/10
Par Olivier Dénommée