Sorti le 17 septembre 2010
On l’a répété souvent dans ces pages : le Japonais Nobuo Uematsu a une place bien spéciale parmi les maîtres incontestés de la musique de jeux vidéo, lui qui a signé les bandes sonores de plusieurs jeux mythiques, notamment dans la série Final Fantasy. Pourtant, rares sont les musiciens classiques qui se sont véritablement intéressé à son œuvre (à part les orchestres spécialement dédiés à la musique de jeux vidéo, on s’entend). Le pianiste allemand Benyamin Nuss est une des exceptions, lui qui a consacré son premier album à la musique du grand Uematsu.
Alors que la plupart des hommages reprennent les incontournables et les pièces déjà archiconnues, Nuss surprend en jouant plusieurs arrangements de morceaux moins fréquemment joués. Il s’éloigne aussi de la version originale en étoffant l’arrangement pour le rendre plus fourni et plus intéressant pour un musicien de formation classique.
Pas de temps à perdre, on nous plonge dans un intense Prologue mettant de l’avant le talent et les nuances du pianiste. On les apprécie encore plus dans A Sign of Hope, laissant entendre la sensibilité de Nuss.
Évidemment, on peut difficilement jouer du Uematsu sans inclure une musique de combat, ce qu’offre justement A Mighty Enemy Appears!. S’ensuit le classique Terra’s Theme, un des morceaux les plus connus à être entendus sur cet album. Malgré la beauté de la mélodie, Nuss ose une version plus corsée qui fait ombrage au reste vers le milieu de la pièce. Liberi Fatali puis Where I Belong, autres morceaux plutôt connu et tous deux tirés de Final Fantasy VIII, ont aussi droit à leur relecture, un peu moins intense (si on oublie la puissante montée dans Where I Belong).
Après une réussie The Serprent Trench, Nuss propose une composition personnelle, intitulée Nobuo’s Theme. En fermant les yeux, on peut parfaitement s’imaginer que cette pièce vient d’un Final Fantasy tellement le pianiste a su retirer l’essence du style de Uematsu.
Après A Place to Call Home qui tente de retenir notre attention (avec plus ou moins de succès) en incorporant ce qui semble être de la clarinette, Fantasy Over Themes of Final Fantasy VII vole la vedette en présentant les thèmes marquants d’un épisode phare de la série. Dommages, les morceaux suivants ne créent pas la même nostalgie, même si My Tears and the Sky offre des passages plutôt intenses. Mentionnons aussi Release the Seal parmi les morceaux réussis à l’approche de la fin de l’album, ainsi que la nostalgique Years & Years, qui aurait parfaitement bouclé l’album. Benyamin Nuss a plutôt opté pour Rad Racer Medley, beaucoup plus énergique.
L’album Benyamin Nuss Plays Uematsu a été comme un coup de point pour l’auteur ce ces lignes. En plus de donner une nouvelle ambiance aux compositions du Uematsu, l’opus vient nous rappeler que le Japonais a écrit pour bien d’autres choses que Final Fantasy, même si c’est à quoi on a tendance à l’associer naturellement. Il y a donc beaucoup à apprendre là-dedans, autant pour les fans que simplement les amateurs de piano. Ceci étant dit, si on devait émettre un bémol : certains passages ont été volontairement rendus plus corsés, possiblement pour montrer la virtuosité de l’interprète. C’est réussi à quelques endroits, mais ça enlève un peu la magie des compositions originales quand on les dénature trop.
À écouter : A Sign of Hope, Nobuo’s Theme, Fantasy Over Themes of Final Fantasy VII
7,7/10
Par Olivier Dénommée