Sorti le 27 janvier 2015
Benoit Pinette, plus connu sous son nom de scène Tire le coyote, fait partie des artistes québécois qui gagnent lentement mais sûrement leur fanbase au fil des nouvelles sorties. Son troisième long jeu Panorama, paru en 2015, a commencé à sérieusement attirer l’attention de certains critiques qui sentaient un certain buzz se concrétiser dans l’univers du folk poétique.
Il faut dire que la musique de Tire le coyote marque les esprits pour deux raisons : sa voix haut perchée et ses textes souvent comparés ceux de à Stéphane Lafleur (Avec pas d’casque) et Richard Desjardins. Le tout, sur un Americana plutôt assumé. Le titre même de l’album, Panorama, nous laisse imaginer son regard sur de grands paysages. À la fenêtre sert en fait d’introduction à cette aventure d’une quarantaine de minutes. À noter qu’on y entend une discrète clarinette, qui viendra hanter l’opus à quelques reprises.
On mêle territoire et séduction dans Ma révolution tranquille sur une lente musique folk-country. Puis on s’amuse avec l’histoire décousue de la légère mais incontournable La fille de Kamouraska. C’est le pattern que l’artiste semble adopter dans cet album, en alternant les chansons plus Americana et celles offrant un folk lent et mélancolique. Cela se confirme avec Moissonneuse-batteuse, suivie de la longue Rapiécer l’avenir, suivies des hybrides Ma filante et Les chemins de serviettes.
On retient particulièrement Jolie Anne, chanson dont il ne peut plus se passer en spectacle. Sa poésie amoureuse frappe presque toujours dans le mille. On se souviendra aussi Les miracles se vendent à rabais, avec un build-up assumé autant musicalement que dans les paroles, et une référence politique bien de son temps : «On détient le record du plus long saut en profondeur / Et on décollera les pires angoisses en détrônant Harper» Tire le coyote, chanteur engagé? En tout cas, Harper a bel et bien été détrôné dans les mois qui ont suivi. L’album se termine sur un autre morceau instrumental, Sur le quai.
Dans Panorama, on sent encore un côté brut à l’approche poétique de Tire le coyote. C’est toujours pertinent pour un artiste folk comme lui, mais le temps nous confirmera que le tout se sera peaufiné avec l’expérience, chose qui se confirmera deux ans et demi plus tard avec Désherbage.
À écouter : La fille de Kamouraska, Les chemins de serviettes, Jolie Anne
7,4/10
Par Olivier Dénommée