Sorti le 6 avril 2018
Le comédien Daniel Laflamme s’est inventé un personnage de scène, l’excentrique auteur-compositeur-interprète Émile Gruff. Après un premier album lancé en 2016, l’artiste revient avec Débouler vers le ciel, un clin d’œil fait au défunt Hugo St-Cyr, qui jouait de la batterie au début du projet. Malgré cette attention sérieuse, l’album, lui, est loin de se prendre au sérieux.
Party démarre le tout avec une musique festive à souhait, trompette incluse. Quant à Gruff, il admet que sa vie tourne autour de la fête, pour le meilleur et pour le pire. On a même droit à une participation de Sébastien Dubé, alias Denis Drolet barbu… on l’entendra d’ailleurs de nouveau un peu plus tard, dans Gros Dubé, autre morceau plutôt intense.
On peut apprécier la poésie d’Émile Gruff dans L’automne, qui décrit cette saison comme un artiste de scène qu’il aime voir performer chaque année depuis 37 ans. S’ensuit la chargée Le medley d’anecdotes aux paroles comiques mais moins subtiles. Gruff est à son meilleur dans Y’a plus qu’un soleil, qui trouve un heureux compromis entre un sujet peu sérieux et une musique très bien sentie (notamment au refrain). Aisément l’incontournable de l’opus.
Après la piste-titre Débouler vers le ciel empreinte de nostalgie, on passe à la très légère Joséphine, dédiée à la fille du compositeur, puis à la sympathique Luc et Marie-Claude. On sent le côté anecdotique de la chanson, qui arrachera bien un petit sourire si on s’attarde aux paroles. Le sens de l’anecdote est aussi bien présent dans Ma Caroline, nom de la conjointe de Daniel Laflamme qu’il compare avantageusement à un pays.
Le sommet est jeux de mots est toutefois atteint avec Les boules ou les boulettes, une chanson invitant un ami à faire son coming out. On a ensuite droit à une chanson qui aurait pu s’intituler Une autre chanson qui s’ra jamais un hit ou encore Forget It… On a opté pour le compromis avec Forget Hit! Évidemment, cette chanson qui dit ne pas connaître le succès sera probablement une de celles qui resteront le plus en tête de tout l’album. Satanée psychologie inversée! Après ces excellentes pistes, la cadence redescend pour la fin. Mon gazon est long ne reste pas en tête, et Papa pop offre un regard comique sur le rôle de père. Mention à la référence à Alex Nevsky qui s’est lui-même fait connaître en chantant des «papa» dans On leur a fait croire.
Cet album d’Émile Gruff mêle les différentes facettes du musicien-personnage. On apprécie son écriture éclatée et loin d’être sérieuse, mais musicalement, on retient davantage les morceaux bien ficelés composés avec un certain sérieux. Car l’un n’empêche pas l’autre et c’est important de s’en souvenir!
Vous pouvez écouter cet album sur Bandcamp.
À écouter : L’automne, Y’a plus qu’un soleil, Forget Hit
7,6/10
Par Olivier Dénommée