Sort le 18 mai 2018
En 2016, l’inclassable duo Valery Vaughn lançait Lost in the Lean, un EP indigeste qui montrait un désir d’envoyer promener les règles autant que possible. On en garde un pénible souvenir, mais une performance honnête et, franchement, surprenante aux Francouvertes a laissé entrevoir une pointe d’espoir si le groupe précisait sa proposition. Un premier album homonyme permet donc d’affirmer l’identité réelle de Valery Vaughn.
Déjà, C’est qui ça? nous ramène directement au EP : c’est en quelque sorte la chanson-thème du duo, avec laquelle il avait aussi ouvert son précédent enregistrement. Son énergie entre rock et punk nous mène ensuite à au son plus stoner de Deaf. La chanson se démarque notamment par l’aide vocale de Laurence-Anne, donnant une autre couleur au tout. Somme toute, c’est réussi et ça se tient drôlement bien.
Par contre, le groupe ne peut pas s’empêcher de chanter un peu n’importe quoi comme il nous le rappelle avec John Division. Des couplets extrêmement courts qui ne veulent pas dire grand-chose suivis d’un refrain aussi bref qui répète «John, John, John, John Division». On devine la référence à Joy Division, mais est-ce que cela va plus loin? On revient finalement au stoner par la suite avec Tulipe sèche : on ne comprend pas toujours très bien ce que Vincent Huard-Tremblay chante, mais c’est peut-être mieux comme ça après tout…
Ceux qui ont suivi l’évolution du groupe reconnaissent Pablo Placard, extrait publié voilà un moment déjà. On reconnaît bien sûr la lourdeur rock, mais cette piste ne semble pas se coller aussi bien aux autres morceaux stoner qui affichent une certaine cohésion entre elles. La chanson de 4min40 est même un peu longue par rapport aux autres compositions de Valery Vaughn, doit-on mentionner. S’ensuit Whirlpool II, interlude rock chargé loin d’être désagréable menant à Toi + Moi = ❤ / 💀. Cette piste jumelle une musique rock pleine de distorsion et des voix plus légères et sympathiques. Le mix est étrange au premier abord, mais la chanson deviendra vite une de vos préférées.
On passe au punk (Pourquoi) puis au rock ensoleillé (T’aimes même pas la plage anyway) sans sourciller : ça fait partie de l’expérience Valery Vaughn, après tout! Tout de même, dans la même veine que John Division, Brian Emo se lance dans une chanson sans queue ni tête. ***VV*** aussi ne semble aussi être le fruit d’une improvisation qui a étrangement tourné. À noter qu’il est formé de deux parties très distinctes, mais seulement la seconde vaut véritablement la peine. Elle nous mène à la fin, Rain Romeo, finale instrumentale trop gentille pour qu’on ne trouve pas ça louche. Après un bref silence, on a droit aux remerciements qu’on trouverait normalement dans le livret. On termine avec un «Merci à toi, cher auditeur anonyme, d’avoir pris le temps d’écouter cet album, jusqu’à la fin», ce qui se prend bien après un opus aussi complexe que celui-ci.
Déjà, rendons à César ce qui appartient à César : même si l’album homonyme de Valery Vaughn est à des années-lumière de l’étiquette «grand public», cet opus est beaucoup plus intéressant que le mini-album précédent. On garde le même côté frondeur, mais une certaine cohérence a permis de mieux digérer son écoute. On retient aussi que le duo a une certaine aisance pour créer un univers stoner rock crédible. Il y a là une avenue intéressante que les gars devraient considérer pour la suite des choses.
À écouter : Deaf, Tulipe sèche, Toi + Moi = ❤ / 💀
6,8/10
Par Olivier Dénommée