Sort le 27 mai 2018
La dernière offrande de l’auteur-compositeur-interprète Carl-Éric Hudon remonte déjà à 2014, mais il s’est amusé «à temps perdu» à écrire de nouvelles chansons et à expérimenter avec une nouvelle approche dès 2017. Le résultat est le EP Je ne danse pas, où il offre deux compos et deux reprises dans son style bien particulier.
Alors que Hudon était jusqu’à présent associé au folk, il lance ici un mini-album chargé d’échantillonnages et de synthés, tout en gardant un côté très feutré vocalement. Parenthèse ou nouvelle direction? Ce n’est pas très clair encore, mais c’est en tout cas très surprenant à écouter! La chanson-titre démarre l’opus : une chanson lente, épurée, où la ligne vocale de Hudon se fait aussi très linéaire. Il arrive néanmoins à nous accrocher avec la simplicité désarmante de son refrain. Au passage, avouons qu’on a eu une pensée pour l’album (et la chanson) J’ai jamais su danser de Massicotte. Les similitudes vont encore plus loin, puisque Navet Confit a participé au mixage de ces deux opus. Ça ne s’invente pas!
Une reprise d’Hugo Bourcier, Sanguinet, s’ensuit. Le côté feutré est toujours bien présent, mais on semble assumer davantage le côté synthpop de la chanson, ce qui sourit à l’interprète. Malheureusement, il ne poursuit pas dans cette voie et retourne à une musique minimaliste avec Frapper un mur qui laisse toute la place à sa voix volontairement monotone. On devine d’ailleurs une référence à son propre EP très «égal» vocalement lorsqu’il chante «La radio crache un air monotone». Sinon, la piste ne restera essentiellement en tête pour des mauvaises raisons, enregistrant deux pistes vocales qui n’arrivent que rarement à suivre le même rythme.
La finale est laissée à un cover de La morte est morte de Moussette. On ne connaissait pas la version originale, mais la reprise colle bien à son registre. Comme dans le cas de Sanguinet, la chanson assume ses synthés, qui sont cette fois plus berçants. Décidément, si Carl-Éric Hudon veut se véritablement se lancer dans cette direction, il risque d’avoir plus de succès avec l’enrobage qu’il a offert aux reprises que celui à ses propres compos.
On sent bien sûr que Hudon voulait faire des expériences dans un registre loin du «confort» du folk, et en ce sens, c’est effectivement réussi : il s’est sorti et sortira assurément les auditeurs de leur zone de confort avec Je ne danse pas. Il y a bien un filon dans cette direction, mais il aura grandement besoin de raffinement s’il souhaite attirer un nouveau public!
À écouter : Sanguinet
6/10
Par Olivier Dénommée