Sorti le 25 mai 2018
Après deux albums autoproduits – The Bones of What You Believe en 2013 et Every Open Eye en 2015 – le groupe de synthpop écossaise Chvrches cherchait une façon de poursuivre son évolution sonore. Il a choisi de faire appel au producteur Greg Kurstin et de changer de registre pour un son beaucoup plus pop. Le résultat est l’album Love Is Dead, où on reconnaît la signature de Chvrches, mais dans un enrobage sonore beaucoup moins agressif que par le passé.
Dès la première piste, Graffiti, on entend ce désir de s’ouvrir à un public plus mainstream. Les mélodies sont résolument pop et les arrangements se rapprochent de ce qu’on entend de plus en plus à la radio sans véritablement tomber dans le bonbon. L’écoute se poursuit avec Get Out, premier extrait à avoir été dévoilé. Cette piste est plus «limite», puisqu’elle se prête au jeu du refrain répétitif qui reste en tête tellement il est facile à retenir. Puis Deliverance, juste après, tombe dans une pop qu’on pourrait aisément entendre dans un club. Ceci étant dit, cette chanson reste très efficace.
La prochaine surprise vient avec la voix de Matt Berninger (The National) sur The Enemy. Le potentiel était énorme pour une telle collaboration, mais pourtant, on nous livre une des mélodies les moins fortes de tout l’album. Il ne suffisait pas de combiner deux voix aussi différentes pour créer la magie, malheureusement! Dommage pour cette occasion ratée. Toutefois, chapeau au refrain plus qu’efficace de Forever (même s’il est répété à outrance), où on sent un retour aux racine du trio. Le refrain sauve aussi Never Say Die, alors que ses couplets manquent tristement de mordant.
Miracle laisse des sentiments mitigés, offrant des mélodies tombant clairement dans le registre pop mainstream, mais avec encore des arrangements agressifs comme le groupe sait les faire. Au contraire, le build-up convaincant de Graves est aisément un des moments forts de tout l’album. Heaven/Hell tente aussi de répéter l’exploit, mais peine à se démarquer, surtout immédiatement après Graves. Si elle avait été placée ailleurs, la piste aurait été mieux servie.
Malgré les changements, une tradition perdure : celle d’avoir une piste chantée par Martin Doherty. Toutefois, God’s Plan fait partie des chansons peu convaincantes et faciles à oublier. Même Really Gone est d’une platitude extrême et rien ne s’y passe. S’ensuit un interlude (ii) menant à la finale Wonderland. Il est rare que les interludes ajoutent vraiment quelque chose, mais ici, il prépare parfaitement le terrain pour l’ultime piste, terminant l’album Love Is Dead sur une bonne note, même si on n’a aucune grosse surprise sonore à nous offrir pour l’occasion.
Chaque album de Chvrches semble chercher à s’adoucir un peu pour attirer un public plus large. C’est fait sans «prostituer» l’âme de sa musique, mais on a quand même la vague impression que le groupe a accéléré le processus avec ce troisième album, peut-être juste un peu trop pour que ça ne fasse pas grincer des dents les fans de la première heure. Au moins, reconnaissons que le groupe a pleinement assumé ce changement et n’a pas fait les choses à moitié. Une question demeure : la transition est-elle complétée? La réponse dans deux ou trois ans! En tout cas, dans l’immédiat, Love Is Dead semble en décevoir plus qu’il n’attirera de nouveaux amateurs. Pas qu’il est mauvais, mais il lui manque l’étincelle qui a fait le succès des précédentes sorties du trio.
À écouter : Graffiti, Never Say Die, Graves
6,8/10
Par Olivier Dénommée
Bonne analyse pour le coup, ça reste un album plaisant à écouter (et à réécouter!) mais c’est vrai qu’il a perdu la magie du 1er et du 2ème dans une moindre mesure. C’est de la bonne électro pop parfois un peu trop « kitch », je préférai le Chvrches des débuts, mais il est difficile de se renouveler pour un groupe et de garder le niveau lorsque la barre a été placée aussi haut ! Bref, n’enterrons pas ce groupe trop vite, pour moi ils restent vraiment talentueux et inventifs dans leurs compos / instrus, rare sont les groupes qui me font passer autant d’émotions…