Sorti le 20 juillet 2018
En voilà un qu’on n’attendait plus : 10 ans après la dernière sortie de Scars on Broadway et 13 après celles de System of a Down, Daron Malakian fait son retour sur disque. D’ailleurs, son projet personnel est maintenant rebaptisé Daron Malakian and Scars on Broadway et sa nouvelle offrande, Dictator, a été enregistrée complètement en solo… en 2012.
Le musicien n’a pas caché que beaucoup d’éléments rappelant SOAD se retrouveraient sur cet album qu’il considère toutefois plus rock que métal. Un peu comme son collègue Serj Tankian, Malakian s’amuse dans les registres qui lui plaisent sans trop se poser de questions. L’album démarre avec Lives, premier extrait de l’opus, qui nous offre des sons plutôt familiers (tant qu’on connaît un peu SOAD!), mais sans tomber dans la facilité.
On reconnaît aussi le désir de ne pas faire que des chansons qui s’écoutent bien. Angry Guru vient nous le rappeler avec des énergies changeantes et une ligne vocale peu mémorable. Le plus intéressant reste le propos, d’ailleurs très chargé politiquement à travers tout l’album, mais plusieurs préféreront quand même passer à la suivante, la chanson-titre Dictator, au riff énergique et à la mélodie solide.
L’album joue à la montagne russe au niveau de l’intention. Malakian a bien enregistré des chansons intéressantes (Guns Are Loaded pour la force de la mélodie, Never Forget pour ses bons riffs, Talkin Shit pour son long passage instrumental et Till the End pour sa mélancolie rappelant Lonely Day de SOAD), mais celles-ci se retrouvent mélangées à des pistes parfois confuses et plus ou moins mémorables (Fuck and Kill, We Won’t Obey, Sickening Wars). On se demande s’il n’a pas tenté de recréer les changements brusques, devenus la signature de SOAD sur bien des chansons cultes, mais le résultat n’est certainement pas le même ici.
La fin de l’album est composé de deux reprises : l’instrumental Gie Mou “My Son” (de Stamatis Kokotas) et Assimilate (de Skinny Puppy). Le premier est peut-être un peu trop doux face au reste de l’album, mais le dernier s’incorpore bien dans la facture sonore de Dictator, sans trop se démarquer, mis à part dans les gros cris entendus aux refrains. On sent une baisse de régime dans le dernier tiers de l’album, qui a finalement peu à offrir en terme de matériel mémorable.
Certains semblent voir cet album comme l’opus «perdu» que SOAD n’a pas voulu enregistrer en groupe. Il est vrai que certains passages nous rappellent l’approche qui a fait la renommée du groupe et qu’on aurait très bien pu imaginer Tankian ajouter sa voix inimitable sur plusieurs de ces pistes pour leur donner plus de mordant (après tout, il reste un meilleur vocaliste que Daron Malakian). La vraie question : est-ce que cet album vient vraiment en remplacer un de System of a Down? Alors là, non! Il vient réveiller une certaine nostalgie, mais n’atteint franchement pas la qualité des meilleures années de SOAD.
Ah, et comment ça se fait qu’en 2018 il existe encore des pochettes aussi laides?
À écouter : Lives, Dictator, Till the End
7,2/10
Par Olivier Dénommée