Sorti le 12 juin 1999
Le premier album du groupe islandais Sigur Rós, Von, était à la fois un opus de post-rock ambiant et expérimental, et n’a eu droit qu’à une visibilité limitée à sa sortie. Tout a changé avec le deuxième album, Ágætis byrjun (signifiant Un bon début), où la voix unique du chanteur Jónsi Birgisson et sa guitare jouée à l’archet occupent davantage l’espace. Bref, la signature de Sigur Rós a commencé à se préciser à travers cet enregistrement.
L’Intro nous propose simplement un enregistrement musical inversé, qu’on devine issu de la chanson-titre Ágætis byrjun. C’est à Svefn-g-englar que l’album démarre véritablement, avec une musique ambiante et quelque peu sinistre où s’intègrent finalement des éléments plus rock et, surtout, la voix. Il y a de bons passages, mais rien qui justifie une piste de 10 minutes et on passera quand même assez vite à un autre appel. Starálfur nous amène ensuite vers quelque chose de plus planant en première moitié et même quelque chose de plus épique dans la seconde portion, surtout au niveau des cordes. Le seul bémol est la fin de la pièce, offrant tout près d’une minute de sons inquiétants à la fin d’une piste autrement incontournable.
Flugufrelsarinn revient avec un côté ambiant sombre jumelé à la voix bien présente de Jónsi. Celle-ci prend le dessus et l’instrumentation l’appuie dans un build-up presque spirituel au fil de l’écoute. Très réussi! Ný batterí semble tenter une construction similaire, mais avec un succès beaucoup plus mitigé. On nous surprend ensuite avec Hjartað hamast, ovni musical dans l’univers de Sigur Rós pour son jeu de clavier et de basse et l’ajout d’un harmonica. Heureusement, les 30 secondes de noise à la fin nous rappellent à qui on a affaire! Quant à Viðrar vel til loftárása, elle prend une éternité à décoller, mais mène à une musique essentiellement douce et émotive mélodiquement qui vaut bien l’attente et qui se poursuit avec un Olsen Olsen fort sympathique mettant les cuivres à l’honneur et avec un Ágætis byrjun doux et rafraîchissant, quoiqu’un peu long et répétitif vers la fin. L’album se clôt sur Avalon, qui reprend essentiellement des éléments de Starálfur au ralenti. Pas désagréable, mais on aurait pu finir en force avec une des chansons phare de l’album.
Le progrès entre le premier album de Sigur Rós et celui-ci est énorme, et si on oublie les passages trop ambiants et quelques longueurs, l’album est excellent. Pour un opus de 1h11, c’est donc dire qu’on aurait pu couper entre 10 et 15 minutes et avoir un album encore plus punché tout en éliminant les quelques passages moins efficaces. Cela restait quand même le choix du groupe de ne pas être trop mainsteam, une décision qui se défend très bien malgré tout.
À écouter : Starálfur, Flugufrelsarinn, Olsen Olsen
7,4/10
Par Olivier Dénommée