Sorti le 27 août 2018
Quand elle avait lancé son premier EP en 2016 puis participé aux Francouvertes 2017, elle l’avait fait sous le nom MCC, ses initiales. Depuis, Marie-Claudel Chénard joue en tant que Marie Claudel et vient de lancer son véritable premier album, l’évocateur Ne parle pas aux étranges qui nous rappelle que même si elle se fait discrète, la jeune auteure-compositrice ne manque pas de substance.
Malgré un certain rebranding autour de l’artiste dans la dernière année, sa musique demeure dans le giron folk, qui met amplement sa voix réconfortante en valeur. La maladie du siècle installe une belle ambiance confortable où la guitare se fait juste assez présente pour bien appuyer la voix et les textes de la chanteuse. Elle est suivie de Je pars pour deux, aux sonorités rock très intéressantes. Toutefois, on sent que la voix s’intègre moins naturellement dans ce registre. Quoi que Volatil arrive à nous faire mentir, commençant comme un morceau folk énergique et gagnant constamment en intensité pour devenir plus près du indie rock sans que cela paraisse forcé.
Tout de même, c’est dans le folk simple qu’elle tire le mieux son épingle du jeu : dans la chanson-titre Ne parle pas aux étranges, la musique semble carrément écrite pour appuyer parfaitement le chant de Marie Claudel. C’est simple au niveau des arrangements, mais d’autant plus efficace en plus de bien mettre de l’avant ce qu’elle a à nous dire. C’est bien là la force de la musicienne. Elle se défend presque aussi bien avec la plus sombre Ce n’est pas écrit et avec L’anse-pleureuse, même si cette dernière prend un peu plus de temps avant de nous rester dans l’oreille.
L’album est aussi l’occasion de faire entendre quelques collaborations, dont une avec Laura Babin dans De la mer (elle contribue aux harmonies et à l’écriture de la chanson), avec Antoine Corriveau, voix masculine par excellence pour ajouter de la profondeur dans Est-ce qu’on se voit ensemble. La clarinette d’Elyze Venne-Deshaies ajoute aussi à la magie du moment sur cette piste en particulier. La finale Laisse-moi habiter ton corps permet quant à elle d’entendre la voix Marilou Rouleau, mais n’aura pas tout à fait le même punch que les autres pistes, terminant véritablement l’album en douceur.
Marie Claudel nous livre donc ici un album bien dosé, où elle explore juste assez pour éviter de rester prise dans la redondance et qui nous confirme qu’elle connaît son métier. Car à part quelques petits détails, on ne peut pas dire que Ne parle pas aux étranges contienne de véritables faiblesses. Aussi, la musicienne s’est bien entourée pour cette sortie (mentionnons Jean-Philippe Levac et Jesse Mac Cormack), mais a su mettre de l’avant sa personnalité. Mais à 34 minutes, on a encore faim à la fin de l’écoute! Espérons que maintenant que l’étape du premier album est franchie, Marie-Claudel Chénard retournera bientôt en studio pour nous livrer du nouveau matériel! D’ici là, l’album risque de résonner beaucoup cet automne.
L’album est disponible sur la page Bandcamp de l’artiste.
À écouter : Ne parle pas aux étranges, Est-ce qu’on se voit ensemble, Volatil
8,0/10
Par Olivier Dénommée