Sorti le 7 septembre 2018
Dès que le Joe Grass, François Lafontaine et Samuel Joly ont commencé à se présenter comme le nouveau groupe Klaus, on savait que le buzz allait rendre le jeune projet un incontournable sur le radar de bien des critiques. On s’est aussi prêtés au jeu afin de voir ce que les gars ont à proposer sur leur premier album homonyme, après avoir consacré deux années à le fignoler dans l’ombre.
Tout d’abord, une évidence : l’univers de Klaus est très riche et d’une grande complexité, changeant souvent de registre d’une piste à l’autre. On entend tout d’abord le côté planant puis tendu du trio avec Neon, une mise en bouche intéressante qui nous confirme surtout que le groupe a le sens du détail. On peut aimer ou non le résultat, mais on ne peut pas dire que ce n’est pas du travail de perfectionnistes.
Le trio fait aller son côté robotique avec le début de Fever, mais on retient surtout (et heureusement) la mélodie redoutable au refrain et l’envolée vocale dans le dernier tiers de la piste. C’est suivi une autre expérimentation plutôt réussies : Blue Telephone. On a ensuite droit à quelques chansons moins expérimentales que tout simplement agréables, comme Can’t Turn Back, The Aluminoid, et tout particulièrement l’incontournable Bad Religion.
Le rêve revient à l’énergie planante du début avant d’exploser en gros rock après le premier tiers de l’imposante piste de 8 minutes. C’est un des rares cas où on considère que le groupe a un peu trop étiré la sauce, et où il aurait très bien pu avoir le même effet en 5 ou 6 minutes tout au plus. Dirty Water, juste après, punch beaucoup plus selon nos oreilles, avec une ambiance presque «sauvage» qui fait son charme. Pit Bull s’amuse quant à elle avec différentes facettes rock, sans faire de compromis. Ça laisse le dernier mot à Nature Design, morceau anormalement doux qui laisse place à un build-up aussi rapide que surprenant dans le dernier tiers de la chanson histoire de finir en force.
Le charme de Klaus est aussi ce qui se rapproche le plus de son défaut principal : les pièces éclectiques et imprévisibles rendent ce premier opus difficile d’approche pour les néophytes qui trouvent que du Patrick Watson et du Barr Brothers, c’est déjà assez complexe comme ça. Mais une fois cette barrière passée, il y a beaucoup plus de bien que de mal dans cette première offrande. Maintenant que le groupe est connu du public, il sera difficile de répéter l’expérience de travailler discrètement sur une éventuelle suite : on a bien hâte de voir comment le trio va réagir à cette nouvelle réalité.
À écouter : Can’t Turn Back, Bad Religion, Nature Design
7,9/10
Par Olivier Dénommée