Sorti le 5 octobre 2018
En 1998 naissait la carrière de Catherine Durand, auteure-compositrice-interprète autodidacte. Vingt ans et six albums plus tard, voilà qu’elle livre une rétrospective d’une dizaine de ses meilleures chansons à la sauce folk minimaliste sur l’opus Vingt, un bel exercice qui nous rappelle que l’artiste continue toujours d’évoluer.
Certains critiques ont un préjugé défavorable envers les relectures qu’un artiste fait de ses propres chansons. Pas nous : si la nouvelle version nous amène ailleurs ou donne un sens nouveau à sa chanson, c’est souvent même une très bonne idée! Tout au long de l’écoute, c’est donc la question qu’on se pose constamment. D’ailleurs, Vingt est un beau prétexte pour découvrir ou redécouvrir ses anciens albums.
La nouvelle version de Peu importe, en tout début d’album, nous confirme que Catherine Durand y va à l’essentiel, y allant d’une belle ballade folk forte de simplicité. Le défi est plus grand avec À chacun sa pierre qui tombe, qui était déjà enregistrée dans un esprit proche de celui de Vingt. Dans ce cas-ci, on se demande s’il n’aurait pas été plus intéressant d’opter pour une autre chanson de son répertoire qui aurait véritablement bénéficié d’un makeover! Même reprendre Marcher droit, tiré de son album de 2016, n’a peut-être pas eu droit au recul nécessaire pour vraiment se démarquer d’un arrangement original déjà très réussi.
Le temps presse passe de l’americana énergique à un folk plus lent et chargé de mystère. Elle tente le même exercice avec Cœurs migratoires tiré du même album, mais n’a pas le même effet. Mentionnons tout de même la portion chorale dans la seconde moitié qui ajoute une autre profondeur à la chanson autrement déjà incontournable dans son arrangement d’origine. Toutefois, chapeau pour la nouvelle version toute en douceur de Sur mon île, où la guitare est mise de côté au profit du piano, et pour l’arrangement discret de Aujourd’hui, deux bons coups de l’opus.
Passons outre Je vais rester, l’arrangement n’arrivant pas à détrôner la version originale, et La lune est au ciel, pleine de potentiel mais qui ne se démarque pas complètement, et intéressons-nous à la grande surprise de l’album, Le loup. Non, ce n’est pas une relecture, mais bien une nouvelle chanson enregistrée en duo avec Alexandre Désilets, dans l’esprit du reste de l’album. Bon flash, même si la chanson aurait peut-être été mieux mise en valeur dans le cadre d’un album de nouveau matériel plutôt qu’être perdu entre deux reprises. Le dernier mot est donné à L’odyssée, qui passe d’une version rock à des arrangements épurés qui terminent l’exercice sur une bonne note.
Retracer 20 ans de musique pour en faire une relecture, c’était une bonne idée de Catherine Durand qui a su bien d’entourer. Le résultat est très réussi dans certains cas, mais manquait d’un tantinet d’audace à plusieurs moments. Et pourtant, il nous a forcé à réécouter des chansons qu’on avait oubliées au fil du temps et qui nous donne effectivement envie de refaire le tour de sa discographie et de son évolution comme auteure-compositrice. En ce sens, elle a parfaitement atteint sa cible et elle nous donne hâte d’entendre ce qu’elle nous réserve encore dans l’avenir.
À écouter : Peu importe, Sur mon île, Aujourd’hui
7,3/10
Par Olivier Dénommée