Sorti le 19 octobre 2018
Trois ans après la sortie de son populaire 22h22, Ariane Moffatt a donné naissance à son troisième enfant. Cet événement lui a donné bien malgré elle l’inspiration pour un sixième album solo, Petites mains précieuses, qui n’est toutefois pas un opus centré sur la natalité. En fait, la musicienne a pris beaucoup de temps pour expliquer le processus créatif de son album, qui s’éloigne des concepts qu’elle avait l’habitude de faire, y allant une chanson à la fois. Le résultat, un album plutôt électro-pop avec des passages plus sombres.
Musicalement, c’est résolument moderne, mais on entend des clins d’œil aux années 70, notamment. C’est assez évident dès Du souffle pour deux, avec ses arrangements rétro réussis incluant même quelques cordes. Vocalement, Moffatt va dans l’ambiance, profitant de la lenteur de la chanson. L’entrée en matière est bonne, même s’il manque une étincelle qui rendrait la pièce introductive véritablement accrocheuse. Elle se rattrape dans Les apparences, beaucoup plus énergique. La mélodie est toute simple et le refrain, encore plus. Répéter «On ne change pas, c’est toujours pareil» en boucle, c’est un peu ironique, mais beaucoup plus efficace que ce qu’on veut bien s’avouer à la première écoute.
La statue a un beau potentiel mélodique au début, mais ne lève jamais complètement : ce sont plutôt les arrangements instrumentaux qui volent la vedette et un peu les paroles écrites au lendemain de la naissance du mouvement #MoiAussi. En fait, on comprend que les mélodies n’ont pas été le focus principal de Moffatt, pourtant une puissance mélodiste, pour se concentrer sur des textes forts. Pourtant, ça reste la musique, jouée par la crème des musiciens québécois, qui fait ombrage à tout le reste la quasi-totalité du temps sur cet opus.
L’écoute se poursuit et on note une tentative de montée réussie dans une Pour toi aux accents disco, et une autre plus mitigée dans Pneumatique noir, suivies de la très oubliable N’attends pas mon sourire. Cyborg revient à une énergique plus ensoleillée, du moins musicalement, et livre une mélodie simple, mais réussie. Il faut attendre à la toute fin de l’album, La main, pour retrouver une autre mélodie forte, assortie d’un accompagnement aussi efficace. La chanson finale aurait simplement pu être raccourcie pour garder plus de mordant, comme on sent une baisse de régime dans les dernières 30 secondes.
Ariane Moffatt a habitué ses fans à d’excellentes chansons au fil des ans, maîtrisant autant les mélodies fortes, les arrangements réussis et les textes frappants. Ici, elle a délaissé la mélodie pour une grande partie de ses compositions, un manque que rend peu mémorables la quasi-totalité de Petites mains précieuses. L’album ne s’écoute pas moins bien, mais ne passera certainement pas à l’histoire comme un grand incontournable de son répertoire.
Cet album peut être entendu sur Bandcamp.
À écouter : Du souffle pour deux, Les apparences, Pour toi
7,3/10
Par Olivier Dénommée
Euhhhhhhh!!!! N’attends pas mon sourire est la meilleure pièce de l’album. Lavez vos oreilles!
Bonjour. Félicitations pour ne pas avoir exactement les mêmes goûts que moi! Je ne me mettrai malheureusement pas à dire que toutes les pistes sont «la meilleure» d’un coup que quelqu’un lisant mes critiques l’aime. Mais bon, je publie 6 critiques par semaine, tant mieux si c’est la première fois que mes choix vous choquent profondément!
Au besoin, Impact Campus semble penser comme vous (http://impactcampus.ca/arts-et-culture/critiques-musicales-ariane-moffatt-helena-deland-salome-leclerc/) et nul doute que d’autres critiques plus ou moins complaisantes viendront d’ici les fêtes.