Sorti le 2 novembre 2018
Pour le quatrième album de son sympathique trio, Benoit Paradis a changé sa façon de faire, enregistrant la musique séparément de la voix, parfois même sans même savoir ce qu’il allait chanter. Le résultat de cette nouvelle approche est Quintessence du cool, morceau où le jazz respire drôlement mieux à plusieurs occasions, mais où Paradis arrive toujours à chanter sur des sujets de société avec le ton décalé qu’on lui connaît.
On peut apprécier le changement dès la première piste, Micro-peine d’amour, qui laisse davantage d’espace aux arrangements du trio avant que Paradis commence à chanter sa peine d’amour qui n’en est pas une. Mais contrairement au jazz plus traditionnel, le Benoit Paradis Trio va à l’essentiel dans ses chansons qui tournent toutes autour de 3 minutes. Ça garde le tout punché, mais cette première piste aurait eu le potentiel d’être plus développée, par exemple.
Au contraire de la première piste, King couine est très chargée et les paroles de Paradis semblent plus scotchés à la musique qui l’accompagne. Au retour peut-être passe ensuite comme un sympathique interlude, malgré le propos qui semble inspiré par une certaine «Ginette qui reste sur Parthenais». Il n’y a que Benoit Paradis pour traiter des quêteux avec une telle légèreté, mais au final, ça marche. On peut aussi un petit côté «Pépé» (sans la guitare) sur des chansons brèves comme Êtes-vous, où des pistes où la musique est véritablement à l’avant-plan – Humhum est purement instrumental et Mélanie le devient après une minute seulement –, par exemple.
La chanson-titre Quintessence du cool revient à un jazz discret qui met de l’avant le propos de Benoit Paradis, peu réjouissant ici. Si on en doutait encore, il nous confirme ici que le titre était utilisé de façon ironique. Heureusement, elle est suivie de la comique Réveil, même si le sujet doit être pris au sérieux, avant de passer à l’intense Bataille. Les suivantes, la chaleureuse Compte pas les heures ou la pluvieuse Le ciel est saumon, auraient pu être d’excellentes conclusion à l’album, mais on termine avec un morceau plus surprenant et éclaté, Ça s’en vient. Après tout, le Benoit Paradis Trio reste fidèle à lui-même!
Tout de même, reconnaissons que le trio tient un filon intéressant en enregistrant la musique d’abord. Cela remet le jazz à l’avant-plan dans bien des cas et donne une dynamique bien différente pour plusieurs pistes clés de l’album. On y voit un beau potentiel que Benoit Paradis et ses acolytes devraient, on l’espère, continuer de développer dans les prochaines années.
À écouter : Micro-peine d’amour, Compte pas les heures, Le ciel est saumon
7,8/10
Par Olivier Dénommée