Sorti le 29 mai 2018
Jeune «trio onirique» composé de Véronique Balthazar et de deux membres de Renard Blanc (Julien Beaulieu et Alexandre Crépeau), Belshazzar a livré au printemps un premier mini-album où on peut entendre des arrangements très intéressants et des paroles parfois… surprenantes.
Soulignons déjà la générosité du trio : malgré la dénomination de EP, on a affaire à 8 pistes (incluant une intro et un interlude) pour un total de tout près de 30 minutes de musique! Intro (L’appel) nous amène d’ailleurs dans un univers sombre et mystérieux où l’on peut apprécier le piano de Véronique Balthazar en solo. S’ensuit Le feu, morceau mêlant des moments chargés de mystère et beaucoup passages explosifs d’intensité. On y entend aussi la voix de la chanteuse, forte et bien appuyée par l’instrumentation. Bref, pas le temps de s’ennuyer sur cette piste-là, qui donne le ton pour la suite du EP.
Le clavier y va ensuite dans la finesse, mais pas sans créer un subtil build-up qui atteindra son sommet après 3 minutes. Cela nous laisse davantage le temps d’apprécier les paroles simples, mais évocatrices, proposées par la chanteuse. Les airs tente une recette similaire en plus planant (surtout vocalement), mais on remarque que le piano est occupe tout l’espace dans le mix, un résultat étrange par rapport aux précédentes chansons où tout le monde peut être clairement entendu. Cela aide à créer une petite illusion auditive lorsque l’on fredonne quelque des onomatopées dans le dernier tiers : suis-je le seul à entendre «Papa y’est là» à répétition?
On sera ensuite surpris par le côté très familier de L’oiseau. Autant pour les arrangements nous rappelant Ce soir on danse à Naziland entendu dans Starmania que pour le refrain près de l’énergie de 1990 de Jean Leloup. Drôle de mélange, mais ça se tient! Après un morceau instrumental au piano – Interlude (La rencontre) –, l’écoute se poursuit avec Tsunami, dans la lignée de Le clavier, mais en plus groovy dès le départ. Cette chanson aurait parfaitement pu terminer le EP déjà bien assez long, mais on opte plutôt pour Petit animau, au titre déjà étrange, et aux paroles qui le sont encore plus. Alors que Belshazzar nous avait habitués le reste du mini-album à des paroles sensées, mais gâche un peu le tout avec cette finale, d’ailleurs la plus longue de l’opus. Notons que la formule musicale, piano-voix pendant plus de la moitié de la piste, donne une très grande importance à ces paroles… À oublier, selon nous. Dommage, parce que c’est la dernière impression que nous laisse le groupe ici!
La grande force de Belshazzar est au niveau des ambiances créées par les trois musiciens, tous solides à leur instrument. Mais la faiblesse est l’inégalité entre les paroles. Si certains textes sont très bien écrits, optant pour une poésie simple mais agréable à entendre, d’autres sont loin de nous convaincre. Le cas de Petit animau est le plus flagrant. On espère donc que le trio se concentrera sur ses forces et retravaillera ses faiblesses dans un éventuel prochain enregistrement, puisque son potentiel est bien réel!
Vous pouvez écouter l’opus sur Bandcamp.
À écouter : Le clavier, Tsunami
7,2/10
Par Olivier Dénommée