Sorti le 16 novembre 2018
Le groupe shebrookois The Tallest 3’s verse dans ce qu’il appelle de la soul cinématographique, une musique qui semble tout droit sortie d’un vieux film de série B. Personne ne sera d’ailleurs surpris de la pochette de son mini-album Blackball, très près d’une affiche annonçant un film.
C’est avec un Rabbit Hole bien assumé que le groupe nous initie à sa musique. Une musique lente et bien chargée qui laisse, comme le veut la tradition, beaucoup de place pour la voix. Voix qui n’est pas explicitement nommée, mais on peut lire ailleurs que ça serait celle de la chanteuse Fred Giguère. On livre quand même plutôt bien la marchandise en pastichant assez fidèlement cette énergie.
One Year y va plutôt d’une musique ambiante comme il s’en trouve toujours dans une bonne bande sonore, même si c’est peut-être de trop pour un EP de 17 minutes seulement. Préférera largement le Theme from Blackball, chanson-phare de cet opus où la chanteuse se gâte réellement. Tout y est ici : l’intensité dans la musique comme dans la mélodie. Dans le registre plus doux, So Far from Here permet d’apprécier le sens des nuances de The Tallest 3’s, même si certains instruments à vent occupent un tantinet trop d’espace dans le mix pour être parfaitement agréables.
Puis bien Machines Communicate… encore un morceau ambiant? Cette piste nous mène à Love at the End of the World, conclusion sensuelle, mais un peu brève, du EP. On nous laisse un peu sur notre faim ici même si on comprend que beaucoup d’énergie a été nécessaire pour arriver à un tel résultat!
Blackball est un pastiche très réussi de cette bonne vieille soul noire, recréant avec succès la plupart des codes du genre. La seule chose qui lui manque est justement cette authenticité – celle qui a rendu immortelles nombre de chansons soul dans les années 70 – qui ne se recrée pas en claquant des doigts. Ce sera là le véritable défi pour The Tallest 3’s s’il souhaite poursuivre dans cette même voie.
Écoutez ce mini-album sur Bandcamp.
À écouter : Rabbit Hole, Theme from Blackball
7,0/10
Par Olivier Dénommée