Sorti le 23 novembre 2018
Il est relativement rare de nos jours que les artistes de la scène pop prennent autant de temps avant de produire un nouvel album. Pourtant, on parle bien de six ans d’attente après sa précédente sortie pour que la chanteuse pop et RnB Rita Ora offre Phoenix, un deuxième album décrit comme une montagne russe d’émotions. Les critiques élogieuses ont fusé de toutes parts, signe du grand succès de l’exercice et d’une attente qui valait largement la peine, selon ce qu’on peut lire un peu partout. On a décidé d’y prêter une oreille aussi.
La pop est bien toujours au rendez-vous, et ça s’entend dès les premiers instants de Anywhere. On a aussi droit à plusieurs petits clichés du genre qui passent bien dans les clubs, mais on s’intéresse surtout à la mélodie accrocheuse que nous offre le refrain. Sans surprise, cette première piste est aussi un des premiers extraits de l’album. Malgré son côté prévisible, la chanson demeure fort réussie. Plusieurs autres pistes tentent une recette similaire, avec divers degrés de succès. Let You Love Me et First Time High offrent un autre refrain convaincant, alors que Your Song et Keep Talking (avec Julia Michaels) y vont de morceaux énergiques mais plus minimalistes pour laisser toute la place aux mélodies et aux voix (bien que les voix seules ne suffisent pas à entièrement nous convaincre). On a aussi droit à Only Want You, moment fort pour les amateurs de musique plus douce qui ne se retrouvent pas nécessairement dans cet enchaînement de chansons upbeat.
Mentionnons tout de suite l’excellente finale de l’album, Hell of a Life, qui frappe fort autant au niveau de la mélodie que des arrangements, aisément les plus épiques de tout l’opus. Et comme c’est trop souvent le cas, cette chanson passera probablement inaperçue puisqu’elle n’a pas été retenue comme extrait (du moins pas au moment d’écrire ces lignes).
Malgré une recette efficace qu’il semble difficile de manquer quand on la connaît bien, Phoenix contient aussi quelques chansons qui manquent de mordant. On peine à se souvenir de New Look, voire de Summer Love (avec Rudimental). Mentionnons aussi rapidement le cas de Girls, mettant aussi en vedette les voix de Cardi B, Bebe Rexha et Charli XCX. Même en regroupant cette brochette de gros noms féminins et cette prétention de faire une chansons féministe, ça ne suffit pas pour compenser la faiblesse des mélodies, et particulièrement du refrain qui pense qu’il suffit de répéter «Girls» pour faire un hit. Il manque bien quelques ingrédients ici!
Particularité intéressante de cet album : il met de l’avant des chansons parues précédemment. Par exemple Lonely Together de Avicii où Ora était entendue en featuring ou encore For You tirée de Fifty Shades Freed. Même si on n’est pas fan de cette façon de «recycler» des chansons déjà entendues ailleurs, admettons que cela ne nuit pas trop à la cohésion de l’album.
On sort de l’écoute de Phoenix avec des sentiments très partagés. Cet album n’est pas mauvais, au contraire, mais il nous semble tellement générique sur plusieurs points que l’on peine à comprendre pourquoi tant de critiques crient au chef-d’œuvre. On se demande aussi pourquoi Rita Ora a lancé cet album en novembre, alors que son énergie aurait tellement été mieux mise en valeur en plein été. Bref, l’album s’écoute très bien et demeure une belle proposition mainstream, mais ne renferme à peu près aucune surprise d’envergure.
À écouter : Anywhere, For You, Hell of a Life
7,3/10
Par Olivier Dénommée