Sorti le 6 mars 2018
On suit fidèlement depuis quelques années l’évolution du groupe montréalais Will Driving West, qui propose une musique indie folk sombre et déprimante, mais drôlement bien ficelée. Ce qu’on ignorait, c’est que deux des membres du groupe, David Ratté et Andréa Bélanger, s’était aussi lancés dans un projet parallèle dans la dernière année. Le duo, appelé Slow Fade Sailors, ne contient que du piano, et a lancé son premier EP, Lovers in No Mind’s Land, en plein hiver 2018, moment par excellence pour apprécier les subtilités de cet instrument.
Slow Fade Sailors n’a pas exactement la même technique que les pianistes de formation qui se lancent dans un néoclassique aux tendances cinématographiques, mais ce registre demande surtout des émotions qui viennent des tripes, chose qui ne manquent pas aux artisans de Will Driving West. Pourtant, la plupart de ces pièces instrumentales prennent plusieurs écoutes avant d’arriver à faire véritablement effet. Ça a peut-être aussi quelque chose à voir avec l’enregistrement, très imparfait, qui faisait pourtant jusqu’à un certain point partie de la marque de commerce du groupe principal des musiciens.
Si la première moitié du EP Lovers in No Mind’s Land s’écoute somme toute assez bien les yeux fermés, il n’arrive pas complètement à nous transporter dans l’univers du couple, du moins pas durant les toutes premières écoutes. Comme s’il manquait seulement un ingrédient à la recette pour que le gâteau soit réussi.
C’est là qu’arrive Too Soon, Too Young. Difficile de dire ce que cette piste a de plus que les autres, mais c’est la seule qui est venue nous chercher immédiatement jusque dans nos tripes. Les deux suivantes sont aussi parmi les plus réussies de l’opus et la piste la plus écoutée est possiblement Be, Leave, juste après. Plus planante dans son interprétation, du moins dans la première portion, c’est le genre de composition qui gagne à être écoutée à quelques reprises pour pleinement l’apprécier. La finale du mini-album, Once Every Billion Years, touche à nouveau quelque chose, une mélancolie qui s’entend jusque dans le doigté au piano. Dur de dire pourquoi, mais autant il semblait manquer quelque chose en première moitié d’opus, autant le duo a mis le doigt sur quelque chose en seconde portion.
Dans une année faste pour les albums de piano (Ólafur Arnalds, Jean-Michel Blais, Alexandra Stréliski, Chilly Gonzales et même Cédric D. Lavoie, pour n’en nommer que quelques-uns), Slow Fade Sailors manque un peu de solidité et de budget d’enregistrement pour véritablement faire compétition aux autres, mais on ne pourra pas lui enlever sa sincérité dans ses compositions et interprétations. Si le duo garde en tête les morceaux plus forts comme Too Soon, Too Young, on écoutera la suite avec intérêt.
Écoutez ce mini-album sur Bandcamp.
À écouter : Too Soon, Too Young, Once Every Billion Years
7,2/10
Par Olivier Dénommée