Sorti le 2 novembre 2018
La Franco-Ontarienne Reney Ray a lancé fin 2018 un premier album homonyme, combinant une musique folk-country à des paroles souvent très directes et efficaces. Cela nous donne des résultats agréablement surprenants à quelques reprises.
L’album démarre avec l’éternel cliché qu’on se doit d’entendre dans tout opus folk : du ukulélé. Mais Dans mon navire s’avère être une chanson intime qui se prête plutôt bien à ce traitement plus feutré, ce qui nous permet de très vite pardonner. Vocalement, on sent que Reney Ray mise davantage sur des textes forts que sur des mélodies de haute voltige. Cette sincérité s’entendra tout au long de l’album.
Si l’entrée en matière se voulait déjà feutrée, Passer l’hiver réussit de nous garder dans le même mood. C’est à partir de Le monde est con que l’artiste et ses musiciens révèlent leur côté plus rythmé. Et si le doute persistait encore, cette chanson vient confirmer le franc-parler de Reney Rey. C’est suivi de Le p’tit Reney, morceau humoristique où la chanteuse se moque de son propre parler où l’anglais (et les nombreux anglicismes) se glissent dans toutes ses phrases. Le concept est bon et en fera rire plusieurs, surtout à la première écoute, mais sera possiblement malaisant pour d’autres auditeurs, surtout dans la portion parlée. Surtout, la chanson tranche avec le reste de l’album, plus sérieux dans ses thèmes.
Après un moment plus léger, de retour aux arrangements lents et plus émotifs : Online livre un plaidoyer d’actualité sur le trop d’attention que l’on tente d’avoir en ligne au détriment des vraies personnes alors que Protège-moi de l’ombre met de l’avant un poignant et inconournable duo. La voix masculine nous rappelle Boom Desjardins, mais il s’agit plutôt de Denis Coulombe (ou Denis Colombus, selon le crédit!).
Après cette première moitié d’opus, Reney Rey répète sensiblement les mêmes énergies en seconde portion, avec un succès relatif : De la cour au jardin (La vie continue) revient avec un morceau un peu plus énergique sans sacrifier un côté introspectif, alors que Shotgun mise sur la légèreté musicale et sur un refrain entraînant. La reine des guerres opte pour une lente nostalgie et Le soleil est jaune pastel, pour un ton beaucoup plus mélancolique pour conclure l’opus. Mais la chanson qui sort le plus du lot dans cette deuxième moitié est en fait L’héritage (Ma p’tite amour), ballade piano-voix émotive où Ray y met ses tripes.
Après plusieurs bonnes écoutes, force est d’admettre que Reney Ray maîtrise bel et bien son écriture et qu’elle sait s’approprier ces différentes énergies sans que ça sonne forcé. Elle est particulièrement redoutable dans le registre doux et émotif et nous a d’ailleurs bien gâté avec quelques perles dont Protège-moi de l’ombre, qui pourrait faire partie de la bande sonore de votre prochaine soirée grise. On suivra l’évolution de l’artiste avec grand plaisir.
Vous pouvez écouter cet album sur la page Bandcamp de l’artiste.
À écouter : Le monde est con, Protège-moi de l’ombre, L’héritage (Ma p’tite amour)
7,8/10
Par Olivier Dénommée