Sorti le 19 avril 2019
Jeune auteure-compositrice-interprète, l’Anglaise Jade Bird a été découverte il y a quelques années pour sa voix assumée et pour sa musique plutôt difficile à classer. Elle touche tantôt au folk rock, voire carrément à l’americana, tantôt à la chanson plus indie pop. Son premier album homonyme ne nous aide pas beaucoup plus à préciser sa direction musicale.
L’album Jade Bird dure 36 minutes et ne chôme pas pour nous présenter l’éventail musical très vaste que maîtrise l’artiste. Le folk minimaliste du début de Ruins laisse la place à la voix de Jade Bird, qui ne manque pas d’assurance et qui est très appropriée pour ce registre. Mais aussitôt qu’on est à l’aise, on pousse un peu plus la voix de la chanteuse dans Lottery, le tout premier extrait qui avait fait découvrir la chanteuse. On comprend le buzz qu’elle a pu créer, mais reconnaissons qu’elle a d’autres compositions plus raffinées.
Parlant de peaufinement, I Get No Joy change assez drastiquement de registre, optant pour une musique pop rock à la mélodie malheureusement générique et au refrain qui se la joue ver d’oreille avec un succès mitigé. On sent aussi que Jade Bird est moins à l’aise avec ce type de lignes vocales (même si elle retentera le coup dans Love Has All Been Done Before, plus loin lors de l’écoute). On lui préfère de loin la suivante, Side Effects, qui livre un build-up plus senti et plus de nuances en général, autant dans les lignes mélodiques que les arrangements qui s’approche du indie folk ici. Bird vise aussi juste dans l’intense My Motto, qui n’a toutefois rien à voir avec le folk qui habitait à divers degrés l’album jusqu’ici.
On revient un peu à la case départ avec Does Anybody Know, qui revient avec un folk guitare-voix, cette fois de façon plus émotive, particulièrement vers la fin. S’ensuit un autre important changement d’ambiance, avec l’énergique Uh Huh, qui mélange le country rock à une attitude presque punk. L’idée n’était pas mauvaise, mais l’enchaînement dans l’album nous laisse perplexe. Les montagnes russes d’intensité se poursuivront jusqu’à la fin de l’album, mais on retient surtout les chansons douces de la seconde portion de l’opus, comme 17, ballade émotive où Bird se montre aussi forte que vulnérable, et la finale If I Die, choix audacieux, mais pas tout à fait le meilleur que Jade Bird aurait pu faire pour terminer l’exercice sur la meilleure note.
À la fin de l’écoute, on ne sait toujours pas vraiment où se situe Jade Bird dans le spectre musical. Son premier album était-il l’occasion de tester toutes ces directions ou souhaite-t-elle vraiment se tenir loin de toute étiquette quitte à ne jamais s’adresser à un public très précis? On en saura plus avec le temps, mais pour le moment, son premier opus renferme autant de chansons que l’on peut adorer que de pistes que l’on détestera.
À écouter : Side Effects, My Motto, 17
7,2/10
Par Olivier Dénommée