Sorti le 3 mai 2019
En 2016, on s’était intéressés à un mini-album de Charles Robert, Sur le chemin, qui tentait encore timidement de se faire une place comme frontman, lui qui était plus habitué à accompagner d’autres artistes. Il y présentait déjà un certain talent pour composer des mélodies et des refrains convaincants, sur fond pop rock. Trois ans plus tard, il change de registre et se lance plutôt dans une direction électro-pop.
Peut-être y a-t-il quelque chose de particulier dans l’eau de Sorel, ville d’où il est originaire, parce qu’un autre Sorelois, Antoine Lachance, a choisi une approche similaire pour sa dernière offrande homonyme, parue ces derniers mois. Mais il faut dire que Charles Robert a poussé la note encore plus loin, voire un peu trop à certains endroits.
Les premiers instants de la chanson-titre nous offrent un moment lent qui ne nous laisse pas tout à fait le temps d’être envoûtés avant que le beat entre en scène, changeant sensiblement la dynamique. Oui, ça ajoute au build-up général, mais la dernière minute et demie, exclusivement électro, n’apporte rien au public qui s’intéresse avant tout au talent de chanteur et de mélodiste de Robert. C’est un choix quelque peu douteux qui a été fait ici, mais au moins, l’avertissement est lancé pour le reste de l’album.
D’ailleurs, par la suite, les arrangements proposés sont un peu mieux équilibrés : les sonorités électroniques sont au service de la voix dans 1123 et Valser ne manque pas d’efficacité dans son propos et son instrumentation qui gagnera tranquillement de l’ampleur. Mais une chanson en particulier sort du lot au fil de l’album : Baleine y va d’une ballade planante et émotive au refrain particulièrement puissant. Dommage, elle fait presque figure d’intruse à travers l’opus, mais elle demeure une incontournable. L’album se termine avec J’irai, qui aura quelque chose familier pour ceux qui suivent Charles Robert depuis longtemps : la chanson se retrouvait sur son EP, dans une version complètement différente. On n’a pas abordé les autres pistes, qui contiennent toutes de bons éléments, pour la simple raison qu’elles s’écoutent bien, mais qu’elles n’arrivent pas à nous accrocher autant qu’on voudrait. Ça arrive!
Les corps invincibles est un album chargé malgré ses 35 minutes et a le mérite de préciser la direction de Charles Robert. Le dosage peut encore être peaufiné, mais sa tangente se défend bien et semble plutôt bien assumée. Ce qui est, à notre avis, déjà un excellent premier pas pour un premier long jeu.
À écouter : Valser, Baleine, J’irai
7,6/10
Par Olivier Dénommée