Sorti le 20 septembre 2019
Quatre longues années se sont écoulées après la sortie du premier album de Gabriella, The Story of Oak. Entretemps, tout a changé pour elle : elle s’est fait remarquer en participant à The Voice en France, a décidé d’assumer une direction beaucoup plus pop, a commencé à écrire en français et a signé avec Polydor France. Son deuxième album, Étrangère, nous permet donc d’entendre cette nouvelle identité.
Violoniste de formation, on se souvient que Gabriella exploitait amplement cet instrument dans son précédent opus. Le violon revient de nouveau ici, mais on est pas mal plus en mode exploration. Sinon, ce qui frappe le plus en écoutant ce nouvel album, c’est cette énergie pop à la française qu’elle semble avoir adoptée ces dernières années – le titre Étrangère et la chanson du même nom semblent nous confirmer que le public premier est vraiment celui de l’Hexagone.
En fait, beaucoup de pistes vont dans le même état d’esprit, que ce soit On cherche encore (Never Get Enough), Focus ou le refrain de Cause toujours. Ça manque dans plusieurs cas de subtilité, ce qui peut tout de même plaire à un certain auditoire, mais dont on finira par se lasser assez rapidement à moins d’être un inconditionnel. Il faut aussi dire que l’écriture en français n’est pas toujours naturelle, surtout quand on a l’habitude en anglais, langue qui pardonne un peu plus facilement des paroles moins solides. Par exemple, Tu es flou et Marlon Brando nous convainquent un peu moins si on s’intéresse aux textes que si on écoute seulement la musique.
Reste bien quelques chansons qui se démarquent du lot, comme la douce Run Away qui doit être appréciée les yeux fermés. Je rêve offre quant à elle un bon dosage entre une musique pop accrocheuse et des arrangements qui laissent place à une énergie plus aérienne. Plus loin, Cœur artificiel nous surprend agréablement avec un morceau énergique où la voix de la chanteuse est reléguée à l’arrière-plan. Sans être notre préférée de l’opus, elle nous montre que Gabriella sait sortir des sentiers battus.
La chanson incontournable de tout l’album est sans contredit Paper Kite. Une breakup song comme Gabriella sait les faire, avec une bonne dose de piano, une large part de paroles en anglais (avec lesquelles elle est vraiment dans son élément) et un quatuor à cordes qui ajoute à l’émotivité de la piste. Tristement, ce n’est pas le genre de chanson à se retrouver en extrait radio, mais c’est à écouter absolument! Elle est suivie de Tu sais déjà, morceau touchant dédié à sa mère qui frappe par la légèreté de ses arrangements. Et comme si ce n’était pas assez, Gabriella conclut son album Étrangère avec Isn’t It Great, seule chanson complètement anglophone qui laisse place à un long build-up avant de vraiment exploser avec un refrain pop chargé. Le seul bémol est la brève portion parlée à la toute fin de la chanson, qui n’était pas nécessaire du tout.
Peut-être être une coïncidence, mais la fin de l’opus est beaucoup plus douce que ce que le début pouvait nous laisser croire. On aurait peut-être préféré quelque chose de mieux équilibré. Sinon, au niveau de l’approche dans les compositions, on entend clairement que Gabriella a passé plus de temps en France ces dernières années et qu’elle a mis le paquet pour séduire le public français, qui n’a évidemment pas la même approche que notre côté de l’Atlantique. On retrouve bien quelques chansons qui sont excellentes en toutes circonstances, mais c’est loin d’être la majorité. Au fond, son album de 49 minutes permet à ses deux publics de retenir les chansons qu’ils leur plaisent et de délaisser le reste sans trop rester sur sa faim. Tout de même, on ne peut s’empêcher d’espérer un prochain album plus «québécois» pour l’artiste! Et en espérant qu’on n’attendra pas aussi longtemps pour le prochain!
À écouter : Run Away, Paper Kite, Tu sais déjà
7,2/10
Par Olivier Dénommée