Sorti le 22 novembre 2019
Le huitième album de Coldplay, intitulé Everyday Life, a fait jaser pour plusieurs raisons : pour son côté expérimental, pour le fait qu’il s’agit d’un album double et parce que le band britannique a décidé de ne pas partir en tournée mondiale par souci de l’environnement. Mais la question qui nous intéresse : l’album est-il bon?
Tout d’abord, on confirme à 100% l’information que cet album est très expérimental, si bien qu’on se demande si on a affaire au bon groupe. Heureusement qu’on reconnaît aisément la voix de Chris Martin, sinon le doute prendrait vite le dessus. Mais les expériences rendent l’écoute assez inégale, et loin d’être aussi satisfaisante que ce que l’on souhaiterait.
Partie 1 : Sunrise
L’album ouvre magistralement avec la pièce instrumentale Sunrise. Incidemment, ce titre est aussi le nom de la première partie de cet album double (l’autre étant Sunset). Cette intro est suivie de Church, où on se retrouve en terrain connu, mais où on entend un petit côté arabisant avec l’ajout de chants de Norah Shaqur en arrière-plan. Ça se gâte à Trouble in Town, qui offre un long build-up pour mener à une alternation liée à du profilage racial et, plus loin, à des sons d’un chœurs d’enfants d’Afrique du Sud. On sent que Coldplay essaie de passer un message, quitte à sacrifier un peu la musicalité!
On a aussi droit à BrokEn, rappelant grandement le classique This Little Light of Mine ne serait-ce que dans les paroles et dans l’ambiance gospel, et à la touchante Daddy, qui nous ramène (enfin) au meilleur de Coldplay. Cela se dégrade ensuite avec WOTW / POTP, morceau acoustique qui semble enregistré avec les moyens du bord (alors qu’on parle de Coldplay ici, rappelons-le) et Arabesque qui s’en va très loin de ses sonorités traditionnelles, faisant même appel à Stromae pour chanter un passage en français (!). Cela pourra plaire à certaines oreilles, mais décidément pas aux nôtres, qui trouvent que le groupe a erré dans cette chanson. Cette première moitié se conclut enfin avec When I Need a Friend, très près d’un chant d’église (avec les London Voices). Le chant est réussi, mais on se serait passé de la portion parlée de la fin.
Partie 2 : Sunset
Si vous trouvez que la première moitié de l’album aborde trop de thèmes sociaux, mauvaise nouvelle : c’est encore plus évident dans la seconde, Sunset! La première piste, Guns, ne laisse pas trop de place à l’imagination sur cette question, sacrifiant aussi la musicalité pour être bien certain que notre attention n’aille pas ailleurs dans sur les paroles. On s’amuse aussi un peu trop dans les expérimentations vocales sur Cry Cry Cry, la rendant peu agréable pour l’oreille malgré le potentiel de la mélodie. Plus loin, بنی آدم est un magnifique morceau essentiellement instrumental au piano, mais il est partiellement gâché par le désir d’ajouter des samples parlés par-dessus, brisant un peu la magie que la pièce créait dans la première moitié.
Heureusement, on a encore droit à des morceaux plus «coldplayiens» (si ça se dit), comme Orphans et Champion of the World, ou encore Èkó et Old Friends, des pistes plus minimalistes et centrées sur les mélodies de Chris Martin, se taillant ainsi une place parmi les bons coups de cette seconde moitié. L’opus se termine avec la chanson-titre Everyday Life, qui comme la piste Sunrise, contient quelques prétentions orchestrales, mais qui laissent tout de même place au talent vocal du chanteur pour une dernière fois. C’est assez réussi, mais on reste un peu sur notre faim alors que la chanson coupe trop vite à notre goût, sans crier gare!
On ressort de notre écoute de l’album Everyday Life avec un sentiment très partagé. On comprend évidemment le besoin d’un groupe de se réinventer après 8 albums, mais quand on a une identité aussi forte que celle de Coldplay, ce n’est pas facile sans se dénaturer. Ainsi, on sent que le groupe se perd un peu sur la moitié des pistes. Cela rend l’écoute laborieuse par moments. Le groupe aurait très bien pu décider de faire un album double divisé autrement : le «vieux» son et celui où on expérimente davantage, mais il a plutôt décidé d’y aller sur l’exploitation vague de deux thèmes, livrant au passage très peu de chansons véritablement mémorables. Bref, on n’est pas impressionné, surtout que Coldplay a eu 4 ans avant de pondre cet album.
À écouter : Sunrise : Church, Daddy // Sunset : Orphans, Èkó
6,9/10
Par Olivier Dénommée