Sorti le 30 août 2019
Chez Critique de salon, on s’est intéressé à la musique de Lana Del Rey à plusieurs reprises, remarquant à notre grand regret que la chanteuse peinait bien souvent à se réinventer dans son genre très précis de pop mélancolique. On pensait même passer notre tour à la sortie de son sixième album studio, intitulé Norman Fucking Rockwell!, jusqu’à ce qu’on constate que tout le monde dans l’industrie l’a encensé et le classe parmi les meilleurs albums de toute l’année – et dans certains cas de la décennie. Qu’a cet album de si exceptionnel, nous sommes-nous demandé.
Et… on n’a pas immédiatement trouvé la réponse exacte à la question. On reconnaît, une fois de plus, la voix et le style très reconnaissables de Del Rey, de plus que les nombreux clins d’œil à la musique populaire des années 70 et à la culture populaire en général. Notons tout de même qu’on a affaire ici à un album très généreux : pas moins de 67 minutes!
On reconnaît ici que dès les premiers instants de la chanson-titre, Norman Fucking Rockwell, on a droit à du Lana Del Rey très réussi : arrangements qui vont droit au but et mélodies bien amenées. Elle ne va pas dans l’épique comme elle l’a déjà fait à ses débuts, mais elle se défend très bien ici. Et la bonne nouvelle, c’est qu’elle répète cette formule avec succès un peu partout sur son album. Mentionnons les bons coups de Venice Bitch (pour sa montée réussie et le fait qu’elle réussit à jouer un morceau de plus de 9 minutes qui n’est pas bourré de longueurs), de Love Song, de Cinnamon Girl et du build-up efficace de California. Sans parler de la piste finale de l’album, Hope Is a Dangerous Thing for a Woman Like Me to Have – but I Have It, pièce très personnelle qui résume peut-être parfaitement le personnage de Lana Del Rey. On se souvient particulièrement de la ligne «Don’t ask if I’m happy, you know that I’m not / But at best, I can say I’m not sad». On ne pouvait pas rêver d’une meilleure conclusion.
Par contre, on s’avoue moins convaincus par d’autres chansons au fil de l’écoute, comme Mariners Apartment Complex (pourtant le premier extrait de l’album), Fuck It I Love You, son interprétation de Doin’ Time de Sublime (l’interprétation est bonne, mais c’est le choix de cette reprise qui nous laisse tiède) et Bartender (pour un refrain qui n’est pas à la hauteur de ce qu’elle a l’habitude de nous livrer), mais il s’agit ici d’une minorité car la plupart des chansons de Norman Fucking Rockwell! ont cette capacité de gagner en saveur à force des les écouter. Si bien que lors de nos premières écoutes, on avait l’intention de commenter que cet album était «overrated» comme c’est trop souvent le cas quand les premières critiques trop positives finissent pas influencer toutes les autres qui se mettent à penser pareil pour ne pas rater le bateau, mais que finalement on est bien obligé d’admettre que Lana Del Rey vise dans le mille pas mal plus souvent qu’elle rate sa cible dans cet enregistrement et que certaines de ses chansons risquent de rester dans la mémoire populaire.
On n’en est pas encore rendu à le mettre dans la liste des meilleurs albums de 2019, mais si on continue de l’écouter, on finira peut-être par changer d’idée. Pour le moment, on doit quand même admettre qu’elle a livré ici aisément un de ses meilleurs album en carrière au côté de Born to Die. Ça augure bien pour l’avenir si elle continue de travailler ce filon!
À écouter : Cinnamon Girl, California, Hope Is a Dangerous Thing for a Woman Like Me to Have – but I Have It
8,0/10
Par Olivier Dénommée