Sorti le 13 décembre 2019
Trois ans après la sortie louangée de son premier album 99.9%, le producteur montréalais Kaytranada a livré avec seulement quelques semaines de préavis Bubba, sa seconde offrande studio elle aussi encensée par la critique. Cette sortie comporte beaucoup de pistes courtes, énormément de collaborations vocales, et un indéniable côté dansant.
On entend très rapidement les qualités musicales de cet album, rythmé et diversifié, montrant tout le talent de Kaytranada et sa capacité à trouver les artistes (incluant Charlotte Day Wilson, GoldLink, Tinashe et Pharrell Williams) qui mettront bien en valeur ses idées. Et pourtant, on a en même temps une impression qu’on a plus affaire ici à un portfolio qu’à un véritable album : la courteur des pièces et, dans plusieurs cas, l’absence de la forme incluant couplets et refrains, donne à l’occasion l’impression que l’artiste n’a pas toujours complètement élaboré son idée et s’est contenté de livrer un sample, aussi réussi soit-il. C’est notamment le cas dans la pièce introductive DO IT, de Puff Lah, de Scared to Death et de September 21, essentiellement des pistes instrumentales, mais aussi de la dernière minute superflue de différentes pistes incluant 2 the Music.
On se doit en revanche de saluer les chansons les plus solides de Bubba, dont Gray Area (avec Mick Jenkins), le premier extrait 10% (avec Kali Uchis), Taste (avec VanJess), What You Need (avec Charlotte Day Wilson), Freefall (avec Durand Bernarr), The Worst in Me (avec Tinashe), qui ont tous ce petit quelque chose d’irrésistible qui devrait faire malheur sur les dancefloors d’ici les prochains mois si ce n’est pas déjà le cas.
Et entre les deux, on a des pistes aussi dansantes, mais sans le petit ingrédient final qui les rend vraiment mémorables. Dans plusieurs cas, c’est à cause d’un build-up qui n’aboutit pas tout à fait (Oh No, Vex Oh, Culture ou encore Midsection, par exemple), ou à un refrain juste un peu trop répétitif ou pas assez inspiré pour rester en tête (Go DJ et Need It, notamment), mais cela n’enlève rien à l’effet somme toute réussie de Bubba si on veut juste un album qui bouge.
Aucun doute que plusieurs amateurs vont vite adopter Bubba comme un album de prédilection pour faire le ménage de la maison, mais si on cherche un des albums de l’année, on va aller à contre-courant et se garder quelques réserves, disons.
À écouter : 10%, Taste, Freefall
7,3/10
Par Olivier Dénommée