Sorti le 19 mai 2014
C’est par hasard que l’on a découvert l’existence du duo Gentle Love, composé de Norihiko Hibino (qui a écrit de la musique pour différents jeux, dont certains de la série Metal Gear Solid) et Ayaki. Le groupe se spécialise dans les arrangements jazz de musique de jeux vidéo et le fait par ailleurs très bien. On s’est intéressé à la série Prescription for Sleep et plus particulièrement à Prescription for Sleep: Game Music Lullabies, Vol. I, promettant des berceuses basées sur la musique qu’on peut entendre dans divers jeux, dont plusieurs classiques.
Juste à vue d’œil, on doit reconnaître le potentiel de plusieurs morceaux qui sont déjà assez doux et qui ne demandent qu’à être transformés en berceuses. La première de l’opus, Lifestream (tirée de Final Fantasy VII), n’avait d’ailleurs pas besoin de grandes modifications. On laisse donc place à une version piano douce et dépouillée, mais où on incorpore un solo de quelques minutes (incontournable dans le jazz, après tout) juste assez intense pour sentir qu’on perd l’élément «berceuse».
Malheureusement, ce petit écart sera répété tout au long de l’album, nous faisant dire que le titre n’était pas particulièrement approprié. Pensons à Dire, Dire Docks (Super Mario 64), qui a droit à une excellente version piano-sax, mais qui nous donne plus envie de taper du pied (surtout durant l’énergique solo) que de fermer les yeux. Commentaire similaire pour Singing Emotion (Chrono Cross).
Tout de même, admettons que nous avons eu la chance de découvrir des versions intéressantes au fil de l’écoute, comme Song of the Ancients (NieR), Lost Painting (Castlevania: Symphony of the Night) et Aquatic Ambiance (Donkey Kong Country)… Mais, le même commentaire persiste, on ne parle pas ici de berceuses. D’autant plus que plusieurs pistes ont été visiblement étirées, atteignant dans certains cas les 8 minutes.
Notons quand même que certaines pistes sont parvenues à se rapprocher de l’énergie promise : Main Theme (Suikoden I), A Wish… (Secret of Mana) et Auriel’s Ascension (The Elder Scrolls IV: Oblivion), mais rappelons encore que les versions originales n’étaient pas très agressives en partant. Bref, on maintient notre critique voulant que le titre de l’album a été très mal choisi pour l’ambiance que le groupe lui a donnée.
C’est donc une critique mitigée que l’on fait de l’opus. Il est pourtant finement construit, contenant des pièces très réussies de différents jeux vidéo qui ont dans plusieurs cas traversé le temps, mais le titre trompeur crée des attentes qui ne seront pas remplies. Il ne s’agit pas ici d’un album de berceuses, mais plutôt d’un opus smooth jazz à écouter en musique de fond – chose que l’album fait très bien! Certains pourront certainement dormir en écoutant Prescription for Sleep: Game Music Lullabies, Vol. I, mais c’est plus une exception que la norme à notre avis.
Version remasterisée
Cet album ayant connu un succès relatif, Gentle Love a cru pertinent de lui redonner un peu d’amour en lançant, en 2018, une version remasterisée dotée de deux pistes supplémentaires. La première, Fisherman’s Horizon (Final Fantasy VIII), y va d’un jazz assez émotif qui explose en un solo de saxophone réussi, mais une fois de plus loin de l’esprit «berceuse». La seconde est une composition originale, He Chose You, qui correspond parfaitement à ce à quoi on pouvait s’attendre de l’album, avec en prime quelques sons de criquets pour ajouter à l’ambiance. Gentle Love aura fini par inclure une vraie berceuse, en fin de compte.
Écoutez cette musique notamment sur Bandcamp.
À écouter : Dire, Dire Docks, Song of the Ancient, Aquatic Ambiance // Version remasterisée : He Chose You
7,2/10
Par Olivier Dénommée