Sorti le 27 mars 2020
Moins d’un an après son passage remarqué aux Francouvertes, P’tit Belliveau lance un premier album judicieusement intitulé Greatest Hits Vol. 1. L’Acadien originaire de la Nouvelle-Écosse est déjà connu pour son humour pince-sans-rire, son accent inimitable et sa capacité de faire une musique DIY qui ne se prend pas au sérieux, mais qui atteint sa cible.
Surtout, P’tit Belliveau (Jonah Guimond de son vrai nom) parvient à se tailler une place dans le milieu musical sans entrer dans une case particulière. On se retrouve quelque part dans le registre pop indépendante avec des influences tantôt country, tantôt électro et rétro. Et le tout, en s’amusant autant en français qu’en anglais (et très souvent quelque part entre les deux). Prenons en exemple Les bateaux dans la baie, première piste de l’album : le premier instrument qu’on entend est le banjo, mais on ne se sent que vaguement dans une espèce de folk pas complètement assumé qui se met à gagner en intensité dans le dernier tiers de la chanson. Même si cette entrée en matière est loin de figurer parmi nos préférées de l’album, elle a le mérite de nous confirmer qu’il faut s’attendre à l’imprévisible avec P’tit Belliveau.
Le meilleur vient ensuite : Drivin’ on Empty se la joue philosophique avec, encore une fois, une bonne dose de banjo, qui disparaît toutefois au refrain pour laisser place à une drum machine rétro à souhait. Le résultat serait désastreux si le refrain n’était pas aussi accrocheur, mais c’est là la magie de cet artiste. La magie opère aussi quand on s’intéresse aux paroles pour le moins uniques de P’tit Belliveau. Celles de Cool When Yer Old valent aussi le détour (en plus de la musique rétro kitsch qui complimente bien l’ensemble de l’œuvre).
Vraiment, c’est dans ses refrains que l’artiste se fait le plus redoutable avec des mélodies souvent terriblement simples, mais solidement appuyées par les synthés pourtant eux-mêmes apparemment eux-mêmes assez simple aussi. Stand There et son refrain anglophone est un bon exemple. Mais l’exemple suprême serait Income Tax, la parfaite chanson qui décrit comment certaines personnes partent sur le party dès qu’ils ont une petite rentrée d’argent (comme un retour d’impôt). Cette chanson festive et rétro est à écouter en boucle; impossible de rester de mauvaise humeur après l’avoir écouté!
Petite remarque : P’tit Belliveau n’est pas à l’abri de la redondance si on se fie à Invite les animaux dans ta maison, qui nous rappelle beaucoup la structure une autre de ses chansons, I Wish I Was a Mole in the Ground, paru sur son EP School’s Out.
Ce «Greatest Hits» ne dure que 34 minutes, mais c’est bien assez pour se laisser embarquer dans l’univers disjoncté de P’tit Belliveau. Évidemment, il faut aimer son approche face à la musique (très garage, de qualité pas toujours égale) et face à la langue (puristes s’abstenir), mais si ces détails ne sont pas des murs infranchissables, vous n’avez aucune raison pour ne pas apprécier quelques-unes de ses chansons plus légères, qui ont le potentiel de faire oublier presque tous les problèmes. Déjà Income Tax a le potentiel de devenir un vrai hit dans quelques mois comme Coton ouaté de Bleu Jeans Bleu l’est devenu une année plus tôt. On verra si notre prédiction se confirme!
L’album peut être écouté sur la page Bandcamp de P’tit Belliveau.
À écouter : Drivin’ on Empty, Cool When Yer Old, Income Tax
7,6/10
Par Olivier Dénommée