Sorti le 21 octobre 2016
La Danoise établie à Berlin Agnes Obel a commencé à se faire connaître davantage de ce côté de l’Atlantique avec son deuxième album, Aventine, paru en 2013. Elle s’est alors fait connaître pour sa pop plus sombre mais enlevante aux influences parfois classiques. Trois ans plus tard, elle explore diverses sonorités, qui mèneront à l’album Citizen of Glass.
Chanteuse et pianiste, Agnes Obel laisse pourtant beaucoup de place aux autres instruments dans les enregistrements, optant pour des compositions instrumentales sur certaines pistes. Elle fait également appel à des instruments peu conventionnels pour l’occasion. Préparez vos oreilles!
Stretch your Eyes donne immédiatement le ton de l’album : les cordes occuperont une place de choix à travers l’opus, généralement dans des sonorités mystérieuses et sombres, à des années-lumière de la pop bonbon. Cette musique n’est pas faite pour être accrocheuse à la première écoute, mais elle s’apprivoise heureusement très vite et finit par nous saisir par la force de son build-up.
Après ce premier titre, le single Familiar se fait entendre. Celui-ci reprend une formule similaire dans la facture sonore, mais marque pour sa présence de voix masculines qui s’entrecroisent et créent de riches mélodies.
Red Virgin Soil est la première piste sans paroles de l’album : elle laisse place aux tensions, mais surtout aux sonorités intrigantes qu’on entend. Un autre morceau instrumental, Grasshopper, viendra vers la fin et porte très bien son nom, avec des rythmes pourtant lourds, mais qui ont un fond plus «sautillant». Étrange mélange, mais ça fonctionne!
De retour aux pièces chantées : toutes n’arrivent pas à marquer autant que les premières chansons. On oubliera bien vite It’s Happening Again, mais on se laissera doucement bercer par Stone, puis par Trojan Horses (qui devient d’ailleurs de plus en plus intense au fil de la chanson). La piste-titre Citizen of Glass ne marque pas autant qu’on aurait espéré, et Golden Green, intéressante musicalement, contient une ligne vocale trop éclatée pour être agréablement mémorable : il arrive qu’un artiste cherche à en faire trop, dommage!
La conclusion, Mary, y va d’une longue pièce essentiellement piano-voix. Des mélodies plus accessibles permettent ainsi de finir cet album riche sur une note plus stable. C’est rassurant, mais en même temps on sent qu’Agnes Obel n’a pas complètement assumé sa direction du début à la fin.
Il n’est pas impossible que la première écoute de l’album Citizen of Glass laisse un goût étrange. Plus d’une écoute est conseillée pour prendre goût aux différentes sonorités qu’Agnes Obel nous propose ici. Après deux ou trois écoutes, les fans des «vieux» albums de la Danoise pourront probablement l’apprécier tout autant que Aventine, même si ce troisième album est un peu inégal dans la mesure où les chansons-phares sont concentrées au début. Et son audace musicale va probablement lui permettre d’attirer un public moins mainstream et plus expérimental.
Maintenant, la question est de savoir si elle arrivera à rendre ses nouvelles chansons avec le même brio sur scène. Ça risque d’être fascinant à observer, la prochaine fois qu’elle rendra visite à Montréal!
À écouter : Stretch your Eyes, Familiar, Grasshopper
7,9/10
Par Olivier Dénommée