Beneath the Skin – Of Monsters and Men

Beneath_the_SkinSorti le 8 juin 2015

Trois ans après un premier album folk-pop extrêmement réussi, soit My Head Is an Animal, le band islandais Of Monsters and Men avait de la pression. Les fans ont basé des attentes élevées, surtout avec la renommée mondiale créée grâce au single Little Talks, qui a été utilisé partout incluant les publicités. Voici ici le point de vue de l’album Beneath the Skin par deux chroniqueurs.

Beneath the Skin vu par Olivier Dénommée

Beaucoup d’artistes de ce registre frappent fort un premier coup et s’essoufflent rapidement par la suite… Heureusement, OMAM a quand même pris le temps avant de lancer Beneath the Skin, un album un peu plus sombre, autant musicalement que dans les paroles, avec une instrumentation un peu plus riche et fournie.

Dès les premières secondes de Crystals, pas de doute, on retrouve bel et bien le Of Monsters and Men qui nous avait séduits. Les voix, de Nanna Bryndís Hilmarsdóttir et de Ragnar Þórhallsson, aisément reconnaissables, font chaud au cœur à entendre de nouveau ensemble. En fait, Crystals se rapproche beaucoup de ce qui avait été fait dans le premier album, donc peu de surprises.

Human, en revanche, y va d’une musique un peu plus sombre, avec de solides build-up qui mènent à des refrains puissants. Sans parler du dernier quart de la chanson, très chargée, avant de finir avec une finale plus sereine. En 4 minutes, on a retrouvé à peu près toutes les forces du band, mises au profit d’une chanson.

L’écoute se poursuit avec quelques titres plus «lourds» : Hunger, puis Wolves Without Teeth. Le registre se veut plus grave, mais est tout aussi poignant et efficace. Le secret semble se trouver dans la puissance du duo vocal.

Le premier faux-pas de OMAM sur cet album est Empire : il reprend une passe qu’on retrouve de façon pratiquement identique sur Six Weeks, du premier album. Cette réalisation pourra nuire à l’appréciation du reste de l’album, si on connaît déjà My Head Is an Animal par cœur. Cela sème quand même un doute : le band a-t-il manqué d’inspiration ou aimait-il juste VRAIMENT cette passe-là?

Slow Life qui suit marquera par sa ligne de basse entraînante, et sa seconde moitié solide, où une imposante montée est suivie d’une section presque «religieuse» dans le ton, avant d’exploser de nouveau avec une vague d’énergie indie-folk. S’ensuit le slow Organs, pièce empreinte de mélancolie où la formule piano-voix domine, mais où des cordes s’incrustent avec succès, ajoutant à cette vibe fort réussie et pas assez exploitée par Of Monsters and Men.

Si Black Water, juste après, commence avec une guitare douce qui semble poursuivre la douce mélancolie de Organs, on passe rapidement à autre chose avec une énergie qui rappelle les chansons les plus dynamiques du précédent opus.

Thousand Eyes aura tendance à passer inaperçu, jusqu’à la dernière portion, avec le crescendo presque violent qu’on peut entendre, qui nous fait réaliser qu’il se passe quelque chose d’assez tendu ici. Cela nous amène à I of the Storm, où on mélange une musique ambiante à des percussions presque militaires. Un mélange intéressant qu’on nous offre ici. Et We Sink, dernière piste de l’opus, rappellera aussi quelques sonorités du précédent album. On boucle ainsi la boucle, même si un peu plus d’audace aurait été bienvenue pour finir en force.

Finalement, la seule vraie question que la plupart des gens se posent : est-ce que Beneath the Skin est meilleur que le précédent album? Mon oreille de fan qui a écouté My Head Is an Animal en boucle me «pas tout à fait», mais mon oreille de critique y voit une richesse supplémentaire, un peaufinement non négligeable. En fait, l’album ne compte qu’une seule vraie erreur, et c’est Empire; pour le reste, on nous fait entendre un bon équilibre entre le passé qui a séduit tant de gens et le futur où évolue et continuera d’évoluer le groupe.

Il semble aussi que cet album se savoure et s’apprécie encore plus lorsqu’on est dans un état d’esprit particulier. J’ai le pressentiment que cet album gagnera en popularité lorsque l’automne et les températures plus maussades reviendront : c’est le genre d’album à écouter en regardant la pluie et le temps gris par la fenêtre. Encore plus que My Head Is an Animal, imaginez!

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Beneath the Skin vu par Tamara Lyne

On peut dire qu’à l’époque, le groupe avait déjà trouvé son son. Toutes les pièces de son second album, Beneath The Skin, auraient pu se retrouver sur le précédent opus, même s’il s’agit d’un album beaucoup plus obscur. Le hic, c’est qu’on apprécie la mélancolie rythmée d’OMAM. Dans le premier album, on pouvait entendre l’intensité des mélodies tout en sentant la légèreté dans les percussions créatives et rafraîchissantes, les harmonies vocales bien dosées et les arrangements épurés. On y croit un peu moins dans ce deuxième effort.

Beneath The Skin décevra peut-être ceux qui s’attendaient à un album folk jovial, mais il réjouira les fans d’indie-pop un peu plus aérien. L’album est un produit plus poli et solide quant à sa production et son mixage, et ça permet aux six excellents musiciens de faire ressortir leur singularité à certains moments-clés.

Les fans sauront apprécier Beneath The Skin pour ses qualités mélodiques et son intensité plus mature. D’autres le verront comme une tentative de recréer le premier album, moins la fougue et la naïveté du début.

Quoi qu’il en soit, quelques éléments ont su retenir mon attention. La rythmique originale et la mélodie d’Empire, le drum & bass de Slow life, la touche de violoncelle dans Organs, la sombre intensité de Thousand Eyes. J’ai aussi été secouée par la force sensible de I of the Storm, soutenue par des percussions solennelles. L’écoute des arrangements puissants de la dernière pièce de l’album, We Sink ne m’ont également pas laissée indifférente.

Une force et valeur sure du groupe est le timbre de voix particulier de la chanteuse et du chanteur ainsi que leur façon enveloppante de se compléter, bien qu’il me semble que la partie masculine ait pris davantage un rôle de second plan dans cet album.

Bref, même si le deuxième album de Of Monsters and Men n’est pas tout à fait à la hauteur des attentes, il s’écoute très bien, saura garder ses fans tout en se créant un nouveau public.

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Selon Olivier :

À écouter : Human, Wolves Without Teeth, Organs

8,1/10

Selon Tamara :

À écouter : Hunger, Empire, Slow Life, I of the Storm

7/10

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