Zoo 3 – Artistes variés

artistes varies zoo 3Sorti le 21 décembre 2018

Certains se souviennent de l’originale compilation que propose Slam Disques depuis 2 ans à la fin de l’année, livrant des covers en français, presque tous plus inusités les uns que les autres. Notamment, Zoo 2 en 2017 nous a permis de découvrir des reprises de Cœur de Pirate, de Nirvana, de Joe Dassin et le thème des Power Rangers. Devenant une sympathique tradition, Slam Disque remet ça avec Zoo 3, avec 14 reprises cette année.

Athena démarre l’exercice avec Rhum and Coke, dont la musique a été composée par la formation punk Wizo. Par contre, les paroles vont complètement ailleurs et on s’amuse avec du name dropping typiquement québécois. Ne connaissant pas la version originale (Raum der Zeit, en allemand!), cette relecture est divertissante, mais ne frappe outre mesure même si les paroles sont comiques à souhait. Au contraire, gros coup de cœur pour l’interprétation assez fidèle (malgré le virage ska/punk) que livre Slater & Fils de C’est belle une fille de François Pérusse. On reprend jusqu’à la quasi-totalité des onomatopées, un travail de précision!

Parlant de travail de précision, on ne peut pas passer sous silence le celui fait sur The Decline de NOFX, devenu Le déclin pour l’occasion. La version d’origine, plus punk traditionnelle (malgré sa longueur inhabituelle), laisse place au folk plus émotif (violon inclus, et même de la trompette vers la fin!) grâce au travail de Noé Talbot, Connifer et Maxime Boudrias. Il est franchement rare qu’une chanson de 20 minutes et plus réussisse à démarquer de cette façon, mais saluons ce bon coup franchement audacieux!

On a droit à quelques versions plus intenses avec Guerilla Poubelle reprenant Ronde de nuit (Mano Negra), Frank Custeau reprenant Celui qui a mal tourné (Georges Brassens) en build-up punk rock après une intro folk, puis avec Fuck Toute reprenant Sophie Stiquée (Vent du Mont Schärr) avec toute la disto et la lourdeur disponibles pour l’occasion. On a aussi droit à un Je t’aime moi non plus (Serge Gainsbourg) avec une énergie presque festive de la part de Ripé. Mini-bémol, les gémissements féminins me donnent constamment l’impression qu’il y a un film pornographique qui joue quelque part en arrière-plan. Un peu plus de discrétion aurait été bienvenue! Par la suite, O Linea sature légèrement Y va toujours y avoir de Richard Desjardins dans sa version. Plus loin, Oktoplut se gâte aussi avec Qui sait de Daniel Lavoie. Toutefois, aucune de ces version ne nous reste particulièrement en tête après leur écoute.

Emmenez-moi arrive à point dans la compilation. On ne sait pas si c’est une coïncidence que Capitaine Révolte reprenne du Charles Aznavour l’année de sa mort, mais c’est un bien beau clin d’œil qu’il fait un grand chanteur avec une version punk rock énergique, mais somme toute respectueuse. Mentionnons au passage la version rough que livre The Matchup de Aux portes du matin (Richard Séguin), simple mais efficace. Et que dire de la version méconnaissable que fait Rouge Pompier de It’s No Good (Depeche Mode), rebaptisée C’est pas normal? Disons poliment que cette chanson en dégoûtera moins que le dernier cover qu’avait livré le groupe! Le (presque) dernier mot est laissé à Slam Chicks, reprenant Darlin’ de Roch Voisine avec une version somme toute réussie.

Puis arrive Feuyemobil: le pléonasme de Magog, qui reprend sa tradition de clore la compilation avec son interprétation d’un album entier sur un ton agressif. Coup de théâtre : l’album en question dans P.A.N.I.N.I. (A tale of Laserquest IV) est… Zoo 3. Il récite donc toutes les paroles entendues dans l’album pendant 17 minutes bien comptées, mais recommence au début après avoir fini Darlin’ : on comprend qu’il inclut sa propre «chanson» dans les paroles à réciter, chose qu’il fait pendant les 6 minutes suivantes sur un long fade out. Ne faites pas la même erreur que moi de lever le son au fur et à mesure qu’il fond! C’est mon seul conseil.

Cette année encore, on trouve de tout dans cette compilation, qui contient des versions très solides et assumées de chansons connues ou non comme des relectures enregistrées en blague. Dans notre cas on préférait un peu la précédente compilation, offrant plus de chansons familières, mais l’exercice est toujours fort agréable à écouter et a été une sympathique distraction de la musique des fêtes. Merci Slam Disques pour cette opportunité.

À écouter : C’est belle une fille, Le déclin, Darlin’

7,0/10

Par Olivier Dénommée

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